11 de febrero de 2016
Pourquoi le pape veut se rendre au Kremlin
AUTOUR DU MONDE
- Alors qu'il va rencontrer le patriarche de toutes les Russies, Kirill
Ier, vendredi prochain, François espère maintenant se rendre à Moscou.
Paru dans leJDD
La pape François au Vatican, samedi. (Sipa)
Dans un monde moderne qui raisonne en semaines ou en mois, la rencontre qui se déroulera vendredi à l'aéroport de La Havane entre le pape François et le patriarche de toutes les Russies,
Kirill Ier, vient nous rappeler que la diplomatie vaticane est adepte
du temps long, très long. Depuis le schisme de 1054 entre l'Église
catholique et l'Église orthodoxe, jamais ses deux leaders ne s'étaient
rencontrés. Mais s'ils finissent par se retrouver, après des années de
négociations secrètes, ce n'est pas uniquement pour mettre fin à une
déchirure spirituelle de dix siècles.
C'est aussi
parce que François pourrait être le premier pape à se rendre au Kremlin.
Après l'avoir reçu par deux fois au Vatican, il a vu en Vladimir
Poutine le seul capable de s'associer à la protection des chrétiens
d'Orient. "Au-delà des catholiques, François veut protéger la grande famille des chrétiens à travers le monde", confie au JDD Constance Colonna-Cesari, auteure de Dans les secrets de la diplomatie vaticane
*. La déclaration commune que publieront les deux chefs religieux à
l'issue de leur rencontre évoquera la nécessité d'"unifier les efforts
en vue de sauver le christianisme dans les régions où il est soumis aux
plus sévères persécutions". Quitte à s'allier avec Poutine, Assad et
Rohani.
Pour
François, "il faut ouvrir les barreaux de la cage" dans laquelle les
chrétiens sont pris au piège, ajoute Constance Colonna-Cesari, selon qui
le pape veut aller bien plus loin, via Poutine notamment, et pourquoi
pas jusqu'à la Chine, où l'Église catholique reste clandestine. Dans une interview au quotidien Asia Times
de Hongkong, à l'occasion du Nouvel An chinois, François estime que "la
Chine a toujours été un point de référence de grandeur, une grande
culture, avec une sagesse inépuisable". Une main tendue pour remercier
Pékin d'accepter la nomination imminente par le pape de trois évêques,
comme l'annonçait le Corriere della Sera la semaine dernière? Ce
qui constituerait une première dans la mesure où le Vatican et la Chine
communiste n'ont jamais eu de relations diplomatiques.
Cette
diplomatie n'est pas sans prix. Dans le communiqué que signeront
François et Kirill à Cuba, l'Ukraine sera également évoquée. L'Église
orthodoxe russe, bras religieux du Kremlin, veut instrumentaliser le
pape pour ramener le patriarche gréco-catholique de Kiev au silence. Ce
dernier, dont les fidèles sont bien plus proches des catholiques
polonais que des orthodoxes russes, a pris fait et cause pour les insurgés de Maïdan
et soutient la politique nationaliste du président Porochenko. "En
fait, François se sent de plus en plus éloigné de l'Europe et de plus en
plus proche de l'Orient", indique Constance Colonna-Cesari. Un autre
pivot vers l'Asie, après celui initié par Barack Obama.
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