La société israélienne se dirige vers une guerre civile, et le pays doit prendre des mesures pour la contrer, a déclaré mardi Tamir Pardo, ancien directeur du Mossad, pendant ses premières remarques publiques depuis qu’il a pris sa retraite en janvier.

« La menace interne doit nous inquiéter plus que la menace externe », a-t-il déclaré pendant une conférence de presse à Daliyat al-Carmel, ville druze du nord du pays.
« Si une société divisée dépasse un certain point, vous pouvez finir, dans des circonstances extrêmes, avec un phénomène comme la guerre civile. A mon grand regret, la distance [avant d’atteindre ce point] se réduit. Je crains que nous n’allions dans cette direction », a déclaré Pardo.
Il y a plus pour rassembler que pour diviser, a déclaré Pardo aux journalistes pendant qu’il faisait la promotion d’un évènement qui commémorera le mois prochain les soldats de la communauté druze morts au combat. Mais, a-t-il ajouté, certaines personnes en Israël recherchent l’intensité qui vient de la division, et « certains sont plus à l’aise pour souligner ce qui divise que ce qui unit. Je ne peux pas citer un groupe ou un dirigeant. Cela existe dans tous les groupes du pays. »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (au centre) avec le directeur sortant du Mossad, Tamir Pardo (à droite) et le futur directeur Yossi Cohen, à Tel Aviv, le 6 janvier 2016. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (au centre) avec le directeur sortant du Mossad, Tamir Pardo (à droite) et le futur directeur Yossi Cohen, à Tel Aviv, le 6 janvier 2016. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Certains ont souhaité imposer leurs propres opinions sur les autres, a-t-il ajouté, et ceci a été voué à l’échec.
Interrogé sur la possibilité de résolution du conflit israélo-palestinien, Pardo a répondu qu’il pouvait être réglé, et a ajouté qu’une solution à deux états serait un jour mise en place.
Les efforts de paix avec les Palestiniens étant dans une impasse depuis plus de deux ans, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a à la place cherché à cultiver des alliances dans le monde arabe. En plus des traités de paix avec l’Egypte et la Jordanie, Netanyahu a fréquemment vanté ce qu’il appelle de forts contacts en coulisse avec les états sunnites modérés, probablement l’Arabie saoudite et de plus petits états du Golfe.
Mais Pardo a déclaré que ces relations ne pourraient pas être développées plus sans progrès avant avec les Palestiniens.
« A mon avis, nous ne pourrons pas atteindre un accord allant plus loin que ce que nous avons déjà avec n’importe quel pays si nous ne résolvons pas le problème palestinien », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant un discours à l'université de Bar-Ilan, à Ramat Gan, près de Tel Aviv, le 6 octobre 2013. (Crédit : Reuven Kastro/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant un discours à l’université de Bar-Ilan, à Ramat Gan, près de Tel Aviv, le 6 octobre 2013. (Crédit : Reuven Kastro/Flash90)
Il a noté que Netanyahu avait accepté l’idée de mettre en place un état palestinien indépendant aux côtés d’Israël. « Je pense qu’il a raison, et je pense qu’il doit suivre la voie », a déclaré Pardo.
Bien que Netanyahu ait déclaré qu’il soutenait une solution à deux états, il a donné peu de précisions sur la localisation du futur Etat palestinien. Les Palestiniens accusent Israël de saboter les espoirs de paix en étendant les implantations en Cisjordanie et à Jérusalem Est, des territoires capturés où ils espèrent établir leur état. Netanyahu a demandé que les Palestiniens reconnaissent Israël comme Etat juif.
Des dizaines d’anciens commandants israéliens ont exhorté Netanyahu à faire plus pression pour résoudre le conflit palestinien, déclarant que l’occupation continue de millions de Palestiniens met en danger la démocratie du pays.
Beaucoup l’ont accusé de mal gérer le sujet, même si les vagues commentaires de Pardo se sont arrêtés avant d’en arriver là.
Le bureau de Netanyahu n’a pas commenté le sujet.
Pardo a également critiqué le ministère de la Défense d’Avigdor Liberman pour avoir comparé l’accord nucléaire signé l’année dernière avec l’Iran aux accords de Munich signés par les puissances européennes avec l’Allemagne nazie en 1938. L’histoire ne se répète pas, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était faux de comparer des évènements qui ont eu lieu à des époques si différentes.