10 de agosto de 2016
Bagdad va détruire la maison d’un Juif qui avait aidé à fonder l’Irak moderne
Bagdad va détruire la
maison d’un Juif qui avait aidé à fonder l’Irak moderne
Le ministère
du Tourisme du pays critique la décision de démolir la maison centenaire de
Sassoon Eskell et songe à une affaire de corruption
Sir Sassoon Eskell, juif de Bagdad qui a été le
premier ministre des Finances de l'Irak et un acteur crucial de la fondation du
royaume. (Crédit : Wikipedia)
JOURNALISTES
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La
municipalité de Bagdad a annoncé vendredi qu’elle démolirait puis donnerait à
un promoteur la maison, âgée de 100 ans, du Premier ministre des Finances de
l’Irak, Sir Sassoon Eskell. Un
responsable du ministère irakien du Tourisme et des Antiquités a fustigé la
décision, une « violation » de la loi.
La
participation d’Eskell, qui est né dans une famille juive aristocrate de Bagdad
en 1860, a été cruciale dans la fondation des lois du gouvernement irakien et
de son infrastructure financière.
La
municipalité de la capitale irakienne a déclaré dans un communiqué de presse
que la maison d’Eskell « n’est pas un site patrimonial selon les
règlementations du département du patrimoine », a annoncé samedi le site
irakien Assabah al-Jadeed.
«
La maison a été construite il y a 100 ans sur la rue Rashid, dans le centre de
Bagdad, et est à présent accordée à un citoyen pour y investir », continue le
communiqué, soulignant que « l’investissement est fait en accord avec la loi. »
Sir
Sassoon Eskell, juif de Bagdad qui a été le premier ministre des Finances de
l’Irak et un acteur crucial de la fondation du royaume. (Crédit : Wikipedia)
Mais
Saïd Hamza, directeur du département d’enquête des sites patrimoniaux du
ministère, a accusé la municipalité de « violer la loi » en donnant la maison
d’Eskell pour un investissement.
«
Qui à la municipalité de Bagdad ne considère pas la maison comme un site
patrimonial ? », aurait-il demandé, suggérant qu’il pourrait plutôt s’agir
d’une affaire de corruption.
Hamza
a ajouté que la maison d’Eskell était composée de deux parties : l’une qui doit
être attribuée au ministère des Finances, et l’autre qui devrait être rendue à
son petit-fils, Albert Sassoon Eskell.
Eskell,
qui a été fait chevalier par le roi George V en 1923, a été un personnage
crucial de la fondation de l’Etat irakien en 1920, et a été cinq fois ministre
des Finances du pays avant sa mort en 1932. Il a également été député pour
Bagdad au premier Parlement du royaume, puis a été réélu sans interruption
jusqu’à sa mort.
Quand
Winston Churchill a convoqué la conférence du Caire en 1921 pour discuter de ce
qui adviendrait l’Irak, la Jordanie et Israël, Eskell était l’un des deux
Irakiens à déterminer le destin de son pays et à choisir son roi.
Eskell
était si bien considéré pour sa rigidité financière et son honnêteté que son
prénom a été transformé en verbe signifiant « rigoureux dans la comptabilité »,
a annoncé Assabah al-Jadeed.
La célèbre écrivain anglaise Gertrude Bell a écrit
avec admiration sur la personnalité et les talents politiques d’Eskell.
De droite à gauche, assis : Winston Churchill,
Herbert Samuel. Au premier rang : Gertrude Bell, Sir Sassoon Eskell, le
maréchal Edmund Allenby, Jafar Pasha al-Askari. Photographie prise à al
Conférence du Caire, en 1921. (Crédit : Wikipedia)
« L’homme que j’aime vraiment est Sasun Eff.
[Eskell]. Il est de loin l’homme le plus capable du Conseil. Un peu rigide, il
a adopté le point de vue de l’avocat constitutionnel et ne permet pas vraiment
d’indulgence aux conditions primitives de l’Irak, mais il est sincère et
désintéressé au plus profond. Il n’a pas seulement une capacité réelle, mais
aussi une grande expérience, et je me sens touchée et presque honteuse devant
l’humilité avec laquelle il demande, et est guidé par, mon avis », a écrit Bell
en 1920.
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