12 de enero de 2016
Un responsable juif de Marseille « incite » les Juifs de la ville à enlever la kippa
Un
responsable juif de Marseille « incite » les Juifs de la ville à
enlever la kippa
Suite à l’agression d’un
professeur juif, Zvi Ammar a affirmé que « la vie est plus sacrée que tout
autre critère » ; « Nous continuerons à porter la kippa, » a
rétorqué le grand rabbin de France
AFP 12 janvier 2016, 18:51
Le président du Consistoire juif de Marseille Zvi Ammar (C) parle aux
journalistes devant l'école juive 'La Source' à Marseille, sud de la France, le
11 janvier 2016, après l'attaque contre un enseignant juif par un adolescent
armé d'une machette. (Crédit : AFP / BERTRAND LANGLOIS)
Le président de la communauté juive de Marseille a « incité »
mardi les juifs de cette ville du sud-est de la France à « enlever la
kippa », au lendemain de l’agression à la machette d’un professeur juif.
« Aujourd’hui, devant la gravité des événements (…) il faut prendre
des décisions exceptionnelles, et pour moi, la vie est plus sacrée que tout
autre critère », a déclaré Zvi Ammar à l’AFP.
Le président du consistoire israélite de Marseille a conseillé à ses
coreligionnaires d’ « enlever la kippa pendant cette période trouble
jusqu’à des jours meilleurs ». « On est obligé de se cacher un petit
peu », a-t-il expliqué.
Le grand rabbin de France Haïm Korsia, a appelé les juifs à continuer à
porter la kippa après l’agression antisémite d’un enseignant à Marseille,
malgré la recommandation contraire du représentant de la communauté locale.
« Nous continuerons à porter la kippa, » a rétorqué le grand
rabbin de France, Haim Korsia, qui comprend l’émotion à Marseille.
« Etre français, ce n’est pas renoncer à ses origines, ce n’est pas
renoncer à son identité, » a écrit le Conseil représentatif des
institutions juives de France (Crif) sur son compte Twitter.
« Comment la France peut-elle laisser les Juifs douter un seul instant que
c’est ici chez eux ? Comment la France peut-elle laisser ses compatriotes juifs
vivre dans la peur ?, » s’interroge le Crif en s’adressant au Premier
ministre français, Manuel Valls.
Roger Cukierman, a jugé de son côté que l’incitation à ne pas porter la
kippa « traduit une attitude défaitiste, de renoncement. C’est donner
victoire aux djihadistes ».
L’auteur de l’agression, un adolescent de 15 ans d’origine kurde et de
nationalité turque, a revendiqué devant les policiers avoir agi « au nom
d’Allah » et du groupe Etat islamique.
Le parquet antiterroriste de Paris s’est saisi de l’enquête et le jeune
homme a été transféré mardi soir au siège de la police antiterroriste en région
parisienne.
Il s’en était pris lundi matin à un enseignant de 35 ans portant la
kippa qui se rendait dans l’établissement privé où il enseigne. Le professeur
s’est défendu et n’a été que légèrement blessé.
« Je lui disais d’arrêter de me frapper mais il continuait et je ne
pensais pas m’en sortir vivant », a-t-il déclaré au quotidien régional La
Provence.
Son avocat, Me Fabrice Labi, a pour sa part confié à l’AFP que son
client lui avait dit : « J’ai eu le sentiment qu’il voulait me décapiter,
mais la machette était souple, il n’y avait pas de prise et j’étais protégé par
le blouson que je portais ».
Le procureur de Marseille, Brice Robin, avait précisé lundi que la lame
de la machette était émoussée, ce qui a pu limiter la gravité des blessures.
L’agresseur était inconnu de la police et des services de renseignement
français et se s’est radicalisé récemment « via internet », selon le
procureur Robin.
Cette agression est survenue un an après l’attaque d’un supermarché
casher à Paris, dans laquelle quatre juifs avaient été tués par un djihadiste,
le 9 janvier 2015.
La communauté juive de Marseille, forte de quelque 70.000 membres sur
855.000 habitants, ce qui en fait la deuxième plus importante en France après
Paris et sa région, a été la cible ces derniers mois de deux autres agressions
antisémites.
Le 24 octobre, trois juifs et un cantonnier avaient été agressés près
d’une synagogue par un homme armé d’un couteau, qui a été condamné depuis à
quatre ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Le 18 novembre, un autre
enseignant juif avait été agressé au couteau.
« Malheureusement pour nous, on est ciblé : dès qu’on est
identifié, qu’on est juif, on peut être agressé et même risquer la mort. Là, on
a franchi un pas d’une extrême gravité », a déclaré Zvi Ammar.
L’Etat fait « tout pour nous assurer le maximum de
protection », a-t-il tenu à souligner, mais « on ne peut pas demander
plus. On ne va pas mettre un policier, un gendarme ou un militaire derrière
chaque juif », a-t-il ajouté. Les lieux de culte juifs et les écoles
juives font l’objet d’une protection des forces de l’ordre.
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