Émile ? Combes, bien sûr !
Que sont nos laïques devenus, ô rejetons sourcilleux des légistes et des gallicans, nos francs-maçons de stricte obédience, nos tatillons mangeurs de gigot du Vendredi saint, que la seule ombre d’une soutane, le seul soupçon d’une esquisse d’ébauche d’ingérence cléricale dans les affaires de la Cité révulsaient ? Ceux qui, ayant jeté les croix hors des hôpitaux et des prétoires, ont viré les religieux des écoles et mis les bonnes sœurs sur le trottoir, ouvert les tabernacles pour en compter les calices ?
Aujourd’hui, hélas, leurs descendants, de droite ou de gauche, sont confits en dévotion devant l’Église catholique. Combien de millions, combien de dizaines de millions de papistes fanatiques, combien de dizaines de millions de nouveaux ultramontains ? Hier, la République déplorait que certains de ses enfants dévoyés aillent chercher leurs consignes de l’autre côté des Alpes et se soumettent à l’obscurantisme noir de l’homme en blanc qui règne sur les caves du Vatican, aujourd’hui la République universelle engage ses fidèles à écouter les prônes et lire les encycliques de son supplétif François.
Alors que Nicolas Sarkozy s’emmêle dans sa plomberie et que Xavier Bertrand, citant son grand ancêtre Michel Rocard, refuse d’accueillir toute la misère du monde, le pape, lui, appelle à lui tous les petits migrants, commande d’abaisser tous les murs, tous les enclos, toutes les diguettes, que nul pâté de sable d’enfant malveillant élevé au FN et à la haine ne freine si peu que ce soit la submersion bienfaisante des populations Gini venues d’ailleurs.
Alors que Cécile Duflot, désireuse de se placer pour l’Élysée, met un tout petit peu d’eau dans son vin vert, François produit Laudato si’, encyclique fleuve, étouffe-chrétien de trois cents pages, manifeste d’écologiste altermondialiste maximaliste qui laisse pantois Jean-Vincent Placé et Olivier Besancenot. Il enrôle même au service du sommet mondial de l’environnement qui aura lieu à Paris cet automne saint François d’Assise et saint Jean de la Croix. Et vas-y que le Nord paye sa dette au Sud, et vas-y qu’on bazarde un système de production, de commerce et de propriété « structurellement pervers » ! Y a plus besoin de Marx ni de Proudhon, y a plus besoin de Lénine ni de Trotski, y a même plus besoin d’Attali, y a François.
Et voilà pourquoi tous les fiers républicains gallicans sont devenus ultramontains. Pourquoi, aussi, je dois me déguiser aujourd’hui en anticlérical et dire humblement : très Saint-Père, qui êtes au Vatican, restez-y, épargnez-nous votre démagogie mondialisante et occupez-vous de vos messes.
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