JTA – Quand il fait du porte à porte dans sa ville pour distribuer du matériel de campagne, Shai Gal ne dit pas aux gens de voter pour le parti travailliste, le Meretz ou pour un des partis libéraux en lice pour les élections du 17 mars
Il leur pose juste une question : « Voulez-vous remplacer Bibi ? » Jusqu’à présent, dit-il, beaucoup lui ont répondu oui.
« Bibi a intérêt à ce que nous ayons peur à propos de la sécurité », a lancé Gal lundi soir à un groupe d’électeurs de Tel-Aviv, utilisant le surnom populaire du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Il veut que nous baissions les bras et que nous ne votions pas parce qu’il n’y a rien à faire. Ce qui gêne personnellement Bibi, c’est que nous sommes en train de créer un état d’esprit de la victoire ».
Gal, 30 ans, est un responsable de terrain de V15, une organisation créée en décembre avec un seul objectif : remplacer le gouvernement de droite d’Israël par une coalition de centre-gauche. Plutôt que d’essayer de convaincre les électeurs de droite de voter à gauche, V15 a étudié où vivent la plupart des électeurs de centre-gauche et lancé une opération intensive pour les amener aux urnes.
Le mouvement V15 (Victoire 15) manifeste à l’extérieur d’une salle où se tient une conférence de presse du Likud, le 1er février 2015 (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)
« Pour remporter les prochaines élections, nous devons analyser la précédent scrutin et déterminer où faire le travail de terrain », a déclaré le directeur exécutif de V15 Nimrod Dweck, 33 ans. «Où devons-nous travailler ? Où le centre-gauche est-il implanté ? »
Depuis sa fondation il y a deux mois, V15 – qui est l’abréviation de Victoire 2015 – a recruté près de 10 000 bénévoles à travers Israël, dont des centaines font campagne sur le terrain chaque semaine.
En faisant du porte à porte les après-midi et en rencontrant des gens dans la rue le week-end, les bénévoles demandent aux électeurs de signer un engagement à voter – puis de voter pour un parti centriste ou de gauche.
Des militants V15 collant des posters appelant aux changements (Crédit : YouTube/Victory2015)
V15 a été formé après une discussion sur Facebook, début décembre, qui a conduit ses fondateurs à mettre en place une réunion d’électeurs de centre-gauche à Tel-Aviv. Le groupe a depuis conclu un partenariat avec OneVoice, une association à but non lucratif visant à encourager le soutien de la base pour une solution à deux Etats. V15 a également fait appel à 270 Strategies, une société américaine de conseil politique dirigée par Jeremy Bird, qui avait travaillé sur les deux campagnes présidentielles victorieuses du président Barack Obama.
Les implications de Bird et de OneVoice ont conduit le Likud de Netanyahu à accuser V15 d’utiliser de fonds étrangers pour manipuler les élections en Israël. Cette critique a été reprise par les parlementaires américains Ted Cruz et Lee Zeldin, tous deux républicains, qui ont écrit au secrétaire d’État John Kerry en janvier l’avertissant que l’argent des contribuables des États-Unis était utilisé pour influencer les élections israéliennes et demandant une enquête. OneVoice a reçu des subventions du Département d’Etat en 2014, avant ses liens avec V15.
Il y a quelques semaines, le Likud a demandé à la Commission des élections d’interdire V15, affirmant qu’il s’agissait d’une campagne illégale pour la liste du Camp sioniste, composée du parti travailliste et de Hatnuah. La commission n’a pas encore donné sa réponse.
« Nous avons choisi de porter plainte afin d’empêcher un coup violent à la démocratie israélienne par l’utilisation cynique et brutale du financement étranger de groupes d’extrême gauche, qui souhaitent influencer l’opinion publique israélienne en violation brutale de la loi de financement des partis politiques», peut-on lire dans un post Facebook du Likud daté du 2 février.
Le député du Likud Ofir Akunis accuse le Camp sioniste de financement occulte lors d’une conférence de presse, le 1er février 2015 (Crédit : Tomer Neuberg/FLASH90)
Dweck répond que si l’organisation a effectivement reçu des dons de l’étranger, les activités de V15 sont légales parce que la loi n’interdit pas que des groupes extérieurs fassent campagne pour un parti spécifique, ce que ne fait pas V15. Il dit que V15 n’a aucun lien et ne coordonne ses activités avec aucun parti politique.
Prenant la parole, lundi soir, devant des volontaires potentiels au quartier général de V15 dans sa ville, Gal dit que le « parti démocratique d’Israël » va du centre politique à l’extrême gauche.
Pour Larry Sarit, 43 ans, responsable de V15 pour Tel-Aviv, « un grand nombre de personnes veulent remplacer Bibi pour des tas de raisons. Parce que le système de santé s’effondre [ou] parce qu’ils veulent acheter un appartement. Assez c’est assez. Bibi fait notre travail. »
Dweck avait espéré que l’enquête révélerait des bastions de gauche dans les régions pauvres et périphériques du pays. Mais l’analyse statistique de V15 montre que la plupart des électeurs de centre-gauche vivent le long de la côte méditerranéenne, largement laïque et prospère , en particulier autour des villes de Tel-Aviv et Haifa.
« C’est très frustrant pour quelqu’un qui croit en des valeurs socialistes parce que le centre-gauche s’identifie avec les pauvres, et il s’avère que notre base est la classe moyenne et au-dessus, » déplore-t-il.
Larry a réuni lundi quelque 30 bénévoles potentiels au siège de Tel-Aviv de V15 pour une séance d’information. Un mur de la salle était couvert de graffitis « Victoire 2015″. Un autre mur montrait une carte de Tel-Aviv divisée par secteurs. Dehors était accrochée une affiche avec le slogan « Le 17 mars, nous changeons » recouvrant le visage de Netanyahu.
La réunion s’est ouverte en donnant la parole aux participants qui ont raconté pourquoi ils voulaient un nouveau gouvernement. Leurs réponses reflètent le large éventail de l’organisation. Certains voulaient un processus de paix renouvelé. Une femme espérait « peut-être, peut-être, peut-être un appartement ». D’autres avaient perdu confiance en Netanyahu comme leader.
«Je veux plus généralement un changement dans le pays de plusieurs façons, a dit Avner Avidan, 37 ans, qui vient de revenir à Tel-Aviv après six ans en Australie. Je veux que les partis de droite et d’extrême droite quittent le gouvernement. Je veux voir un gouvernement le plus à gauche possible.
»
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