1 de mayo de 2017
La promesse de Fatima vue depuis la Russie – et utilisée contre les catholiques
reinformation.tv
Jeanne Smits
Et si on regardait, pour une fois, l’histoire
et la promesse de Fatima avec des yeux russes ? En ce centenaire des
apparitions de Notre-Dame, on peut être sûr d’une chose : ce que nous,
catholiques, disons de la Russie et des erreurs qu’elle allait répandre dans le
monde est connu aussi des Russes eux-mêmes. Et aujourd’hui, l’Union soviétique étant désormais un vieux souvenir, et
le communisme russe apparemment enterré avec lui, on assiste à une situation —
pour ne pas dire une opération — où la Russie apparaît comme le rempart du
christianisme, le dernier défenseur de la morale traditionnelle face à la
folle idéologie LGBT présentée comme une conséquence logique de l’«
hyperlibéralisme » venu d’« Occident », imposée au nom d’un individualisme que
plus rien n’arrête.
C’était tout le thème du colloque « L’Occident
contre l’Europe » évoqué ici.
Ainsi ce n’est plus la
Russie qui répandrait ses erreurs sur le monde, mais le monde occidental. Et ce
sont des erreurs que l’on peut juger plus graves encore que le communisme, en
ce sens qu’elles déshumanisent l’homme de l’intérieur à travers un nihilisme
total, qui nie jusqu’à l’identité sexuelle elle-même et contredit chaque loi de
Dieu. Nihilisme
moral, dictature absolue du relativisme : c’est
une révolte suprême contre Dieu, contre la vérité, instillée dans les âmes avec
une perversité qui dépasse celle de la tyrannie marxiste-léniniste et athée.
Elle a réussi à porter la majorité des Occidentaux, en tout cas en Europe, à
concevoir l’assassinat des enfants à naître dans le ventre de leur mère comme
un « droit », à accepter le principe des unions homosexuelles et de l’euthanasie,
à justifier le démantèlement du mariage (avec près de 60 % de naissances hors
mariage en France, c’est devenu un modèle de dissociété)… La liste ne s’arrête pas
là.
La Russie de Poutine se penche sur le message
de Fatima
Face à ce désastre, la
Russie, la Russie de Poutine, apparaît comme un havre de salut, un point de départ pour le
redressement moral et intellectuel, en même temps qu’un champion des chrétiens
d’Orient persécutés. Ainsi la présentent
de nombreux catholiques, notamment en France où la Russie apparaît comme le
soutien des forces « conservatrices ». Marine Le Pen et sa nièce Marion n’ont-elles
pas fait le voyage de Moscou, sous les applaudissements de la presse russe
francophone ? (On oublie que Marine
elle-même affirme le « droit » à l’avortement, que Marion ne le conteste
guère, et que le programme de la
candidate à la présidentielle comporte une belle part de jacobinisme
socialiste…).
Et tant pis si la Russie continue de connaître
l’un des taux d’avortement les plus élevés au monde, que la gestation pour
autrui y est légale et profite notamment aux homosexuels, que le divorce y est
endémique… Il y a certes une loi qui interdit la propagande homosexuelle en
direction des mineurs. Et le « mariage » [homosexuel] n’y est pas légal (alors
que la licence sexuelle absolue était l’une des premières réalités accompagnant
la révolution bolchevique en 1917…). Les églises sont pleines et les sacrements
sont distribués — ce sont de vrais sacrements, l’Eglise orthodoxe n’étant « que
» schismatique — et de ce point de vue la situation des chrétiens russes est
moins terrible qu’elle ne le fut du temps de l’URSS. Mais parler d’une nation redressée intellectuellement et moralement est
un abus de langage — et peut-être même une manipulation.
J’ai entendu des
prêtres et des laïcs catholiques français affirmer que les promesses de Fatima
ont été remplies grâce à la consécration du monde (et non de la Russie
nommément comme la Vierge de Fatima l’avait demandé) au Cœur Immaculé de Marie,
et que la Russie s’est « convertie » en retrouvant sa foi… orthodoxe.
Le message de Fatima évoquait la Russie, non le
communisme
Mais que dit Notre Dame à Fatima à propos de la
Russie ? Ce sont ces paroles prononcées juste après la terrifiante vision de l’enfer
:
« Vous avez vu l’enfer,
où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans
le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire,
de nombreuses âmes obtiendront le salut et auront la paix. La guerre va finir,
mais si on ne cesse pas d’offenser Dieu… une autre, bien pire, commencera.
Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez qu’il s’agit
du grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes par le
moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Eglise et le
Saint-Père. Pour l’empêcher, je viendrai demander la consécration de la Russie
à mon Cœur immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si on
répond à mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix; sinon, elle
répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des
persécutions contre l’Eglise. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura
beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. Finalement, mon Cœur
immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira,
et il sera accordé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera
toujours le dogme de la foi. Etc. Cela ne le dites à personne. A Francisco,
oui, vous pouvez le dire. »
Dans la situation où
se trouve le monde aujourd’hui, est-il raisonnable de dire que le monde connaît
un « certain temps de paix », que le « Cœur immaculé de Marie » a déjà «
triomphé ? » Si ce
n’est pas le cas, la Russie aurait-elle cessé de répandre ses erreurs sur le
monde… pour les voir remplacées par des erreurs bien pires encore, dont la
Sainte Vierge n’aurait pas parlé ? Et quelles sont ces erreurs, au juste ? Le
communisme ? On l’a toujours pensé. Et s’il y avait autre chose ?
De fait, le
refus de la loi de Dieu et la culture de mort — avortement, destruction du
mariage et de la famille… ont été mis en place en Russie en même temps que le
marxisme-léninisme ; les attaques contre la famille ont été théorisées par
Engels. Aujourd’hui, les défenseurs de la famille en Russie accusent l’Occident,
à travers Marx et Engels, d’avoir importé ces erreurs dans leur pays. Mais c’est
bien Vladimir Illitch Oulianov, dit Lénine qui a, si l’on peut dire, « théorisé
» la praxis de la Révolution russe, cette Roue rouge qui ne cesse de tourner,
toujours différente, toujours la même comme l’avait compris Soljenitsyne. L’Ecole
de Francfort a fait le reste : écouter et lire à ce sujet la passionnante
intervention d’Anca-Maria Cernea au Rome
Life Forum de 2016, c’est par là.
N’oublions pas en passant que l’avortement est
« le plus grand destructeur de la paix aujourd’hui », pour reprendre les
paroles de Mère Teresa lorsqu’elle reçut son prix Nobel. Cette paix dont la
Vierge de Fatima nous donne les clefs…
N’oublions pas non plus que la libération
sexuelle imposée en mai-68 l’était par des maoïstes — des communistes.
Les erreurs répandues par la Russie : du
communisme à l’avortement
Et ces erreurs-là —
tout comme les réformes pédagogistes qui ont été instituées en Russie à la
faveur du communisme — se sont dès lors, dès 1917, répandues dans le monde. Comme un insidieux acide, elles
ont attaqué les nations catholiques ou chrétiennes comme les Etats-Unis, elles
les premières, provoquant à la fois un décervelage généralisé (sans quoi le
relativisme ne peut trouver prise) et un effondrement moral.
Cette révolution
culturelle théorisée par Gramsci est une autre forme de communisme, plus efficace
que la dictature sanglante… Si bien qu’aujourd’hui, les « erreurs de la Russie
», son matérialisme athée, certes fortement aidé par le libéralisme philosophique qui s’est si
largement imposé, prospèrent dans de
nombreux pays. Comment prétendre venir éteindre cet incendie sans précédent
tout en refusant de renier réellement le passé soviétique — comme le fait
aujourd’hui Poutine pour qui la chute de l’Union soviétique a été un « désastre
géopolitique majeur » ? En Russie, il est à la mode de répéter avec lui que
Lénine, avec « l’autonomisation » des Républiques soviétiques, a posé la bombe
qui a fini par désintégrer l’URSS. Staline, lui, est toujours bien vu et à l’honneur
dans les discours, y compris les discours pro-famille qui lui attribuent un
redressement (très relatif, nous l’avons vu) de la société russe sur ce plan.
Tout cela est vu sous l’angle de la puissance de la Grande Russie. Ailleurs, les sociétés en déliquescence se
précipitent vers l’autodestruction, à tel point que les plus lucides sur ce
fait en viennent à se tourner vers la Russie qui chez elle, semble vouloir
inverser le cours de ce suicide collectif.
Viendra peut-être le jour où l’expansion de la
Russie vers l’Ouest — n’a-t-on pas entendu parler de manière répétée d’une «
confédération de Brest à Vladivostok » lors du colloque « l’Occident contre l’Europe
», l’Union eurasiatique de Poutine en
posant les premières bases — sera accueillie comme une « libération » en Europe
occidentale. Mais est-il franchement raisonnable d’y voir… l’apport d’un temps
de paix, le triomphe du Cœur Immaculé qui n’est en aucun cas une dévotion
orthodoxe ? Aveuglé par la « renaissance orthodoxe », largement financée
par des oligarques et forte de l’orthodoxie affichée par Poutine, l’Occident
catholique pourrait s’y laisser prendre. « Il aimait Big Brother »…
Konstantin Malofeev et Katehon, porte-paroles
de la Quatrième théorie politique
Il est temps, pour y voir plus clair, de se
tourner vers ce que disent, ou font dire, les proches de Poutine lui-même. Un «
proche entre les proches » : il s’agit de Konstantin Malofeev, le
multimilliardaire auquel Valeurs
actuelles attribuait cette qualité en lui consacrant, en 2014, un article
élogieux sous le titre « L’homme qui parle à l’oreille de Poutine ». Grand
bâtisseur d’églises, de séminaires et de monastères orthodoxes, Malofeev
brandit sa foi comme un étendard.
Mais Malofeev a d’autres cordes à son arc — il
serait plus exact de parler de flèches pour son arc. Il est le fondateur et le
président du think-tank Katehon (et
son financier ? — on n’a pas de détails à ce sujet), un site qui diffuse des
analyses géopolitiques en sept langues au moins, et qui donne une grande place
aux théories, aux articles et aux vidéos d’ Alexandre Douguine le gnostique,
chantre de l’eurasisme, adepte d’un vocabulaire évidemment maçonnique,
inventeur de la Quatrième théorie
politique au service d’un « monde multipolaire » dont la Russie constitue la grande force « traditionnelle » (cette « Tradition » étant celle qui est
antérieure aux grandes religions, qui ne sont que des déclinaisons de cette
spiritualité gnostique). La fille de Douguine, Daria (qui signe également
Daria Platonova) est une collaboratrice habituelle de Katehon.
Il y a quelques semaines, dans une série de trois textes publiés les 27 et 28 mars (premier
article, deuxième article, troisième article) Katehon donnait la parole à
Charles Upton qui exposait l’analyse du Purgatorio de Dante par son épouse,
Jennifer Doane Upton, sous le titre : «
La prophétie de Dante sur la chute de l’Eglise catholique romaine. » Charles Upton se présente comme un ancien
catholique romain converti au soufisme islamique. Et il explique d’emblée
que sa femme a réalisé cette analyse non pas du point de vue de saint Augustin
ou de saint Thomas d’Aquin, mais de celui des Pères d’Orient et surtout des «
philosophes traditionalistes René Guénon et Frithjof Schuon », ce dernier étant
un ésotériste syncrétiste. La série d’articles
affirme clairement qu’il appartient à Moscou, la « Troisième Rome », à l’Eglise
orthodoxe russe, donc, de sauver l’Eglise d’Occident, gangrénée par Vatican II,
du modernisme et du libéralisme. Le texte cite amplement les prophéties de
La Salette et de Fatima pour expliquer que Rome perdra la foi. Et que par
conséquent, la religion orthodoxe est la vraie religion chrétienne qui doit se
méfier des rapprochements avec la Rome apostate.
Katehon et l’ésotérisme d’Alexandre Douguine
En voyant ce qui se
passe au Vatican aujourd’hui, avec un pape qui fait des déclarations et pose
des actes de plus en plus aberrants aux yeux des catholiques traditionnels, l’analyse
peut paraître séduisante.
Mais il faut en poser le contexte, comme le
fait Upton lui-même dans son introduction : « Lorsque le grand schisme entre l’église
catholique romaine et l’église orthodoxe orientale a eu lieu en 1054, l’église
occidentale a perdu beaucoup de ceux qui étaient jusqu’alors la tradition
chrétienne universelle. Cependant — à l’inverse de la plupart des chrétiens
orthodoxes — je ne crois pas que l’église
catholique romaine soit pleinement entrée dans l’apostasie avant le concile
Vatican II et ses suites, commencés en 1963, puisque jusqu’à cette époque
le catholicisme produisait encore des saints. Bien que je sois musulman et soufi depuis 1988, je dis cela en tant qu’ex-catholique,
quelqu’un qui n’a pas tant l’impression d’avoir déserté l’église que d’avoir
été déserté par elle. »
Il présente ensuite le
concile Vatican II comme ayant « catapulté l’Eglise catholique dans la grande
apostasie prédite dans la 2e épître aux Thessaloniciens en détruisant ce qui pouvait
subsister de cohésion organique et spirituelle en Europe occidentale après deux
guerres mondiales — une unité donnée par Dieu que l’union européenne ne peut d’aucune
façon restaurer ». De là, de cette chute, viendrait selon lui l’effondrement de
la natalité en Europe occidentale qui a eu pour résultat l’arrivée des masses
déculturées de plusieurs nations musulmanes. « Et nul n’a aidé et applaudi ce désastre de manière plus enthousiaste
que Jorge Bergoglio, autrement connu comme le pape François. »
Que la Russie ait subie une dénatalité
semblable, un effondrement de sa population, ne l’effleure même pas. Il est
vrai qu’elle est curieusement préservée des flux migratoires depuis le Sud…
Dante annoncerait le naufrage de l’Eglise
catholique — si on le lit avec les yeux de René Guénon
Mais continuons
avec Upton. « Ce prochain 13 mai marquera le centième anniversaire de l’apparition
de la Theotokos à trois enfants dans la ville de Fatima, au Portugal. (Tout
se passe comme si, à mesure que l’Eglise d’Occident lui a laissé de moins en
moins de place spirituelle, elle a été obligée d’apparaître “sur les routes et
les chemins” », écrit-il).
L’Eglise catholique, qui a proclamé deux dogmes
mariaux si récemment ! Celui de l’Assomption que peu ou prou les Orthodoxes
professent sans qu’il soit défini, et celui de l’Immaculée Conception, qu’ils
rejettent, estimant que si Marie n’a pas commis de péché personnel, elle n’a
pas été exempte de la tache originelle…
Charles Upton poursuit son raisonnement : « La
dernière de ces trois témoins à mourir était Lucie, qui est décédée en 2005 — même
si, comme nous le verrons plus loin, la vraie Lucie a pu un moment donné être
remplacée par un imposteur. En tout cas, la préparation de sa canonisation en
tant que sainte Lucie est déjà en route à l’Ouest. Beaucoup croient que cela
pourra ouvrir le chemin à la consécration de la Russie par le pape au Cœur
sacré de Marie que la Vierge a demandée à Fatima. D’autres au contraire disent
que cette consécration a déjà eu lieu, ayant été menée à bien par l’un des
papes d’avant Vatican II, peut-être le pape Pie XII — et en tout cas, le retour
de la Russie à la vénération et à la protection de la Theotokos a déjà été
accompli, en termes entièrement orthodoxes, par la chute de l’Union soviétique
et l’émergence de l’Eglise orthodoxe russe à l’issue de trois quarts de siècle
de persécution communiste. Vu la menace croissante que représentent pour la
Russie les globalistes occidentaux, on ne peut s’empêcher de se demander si
cette “consécration” proposée, si elle devait en effet avoir lieu — une
consécration qui, du point de vue de la Tradition chrétienne, serait très
probablement effectuée par un faux pape à la tête d’une Eglise apostate — ne
pourrait pas faire parti du grand dessein des élites globalise en vue de “remettre
la Russie à sa place”. »
L’analyse révèle
plusieurs choses. D’abord,
la haine ontologique, plus ou moins cachées selon les époques et les lieux, de
l’orthodoxie à l’égard de l’Eglise catholique et du pape. Mais aussi et peut-être surtout, une sorte de détournement du message
de Fatima qui sert précisément la cause de ceux dont il dénonçait les erreurs
qui allaient « être répandues dans le monde ».
La promesse de Fatima utilisée contre les
catholiques
La présentation du
message est évidemment boiteuse. C’est dans l’Eglise catholique, avec une insistance forte sur la
personne du pape pour lequel tout catholique est appelé à prier et à offrir des
sacrifices, que la Vierge sans tâche, l’Immaculée
Conception, a prononcé ses paroles de paix. Elle a nommément désigné la Russie comme destructrice de cette paix et
elle n’a pas annoncé son retour comme l’œuvre de la Russie, mais comme celle de
son Cœur immaculé touché par les prières et les sacrifices des chrétiens.
L’insistance à
présenter l’Eglise catholique comme apostate est frappante. C’est une insistance que l’on retrouve dans d’autres articles du site Katehon, et notamment un
éditorial non signé de 2015 qui appelle à une vision œcuménique pan-chrétienne
qui se traduirait notamment par la renonciation de l’Eglise catholique à
convertir les autres chrétiens. Cette
apostasie est celle que les catholiques ont en effet pu constater chez nombre
de leurs chefs spirituels, donnant force à l’argument russe. Mais les
catholiques savent que l’Eglise est bâtie sur le roc qu’est Pierre, et que
les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur elle, quelles que soient les
tempêtes.
Un peu de politique-fiction ? Si j’étais russe,
et que je connaissais le message de Fatima, je pourrais y voir un levier pour
faire avancer ma cause, comme le font aujourd’hui avec le recul de plusieurs
décennies d’apostasie silencieuse de l’Occident les écrivains et journalistes
consacrés et diffusés par Katehon.
Allons plus loin : si j’étais le KGB, et
que j’avais les moyens de monter un gigantesque montage, j’aurais favorisé de
toutes mes forces l’effondrement de la liturgie catholique, la montée du
relativisme et pour finir j’aurais fait constater l’échec de Rome. J’aurais
pris la précaution de favoriser une renaissance orthodoxe. Je vous livre le
scénario pour ce qu’il vaut. Quoi qu’il en soit, c’est un appel à dire la
vérité, mais toute la vérité : oui, l’Eglise
catholique semble discréditée, mais quelles que soient les défaillances de
certains de ses prêtres, de ses évêques, de ses cardinaux, quelle que soit l’évidente
confusion semée même par le pape, il nous faut nous accrocher à l’Eglise du
Christ, l’Eglise romaine, une, sainte, catholique et apostolique.
L’ironie de cette
histoire, c’est que l’un des principaux reproches que l’on fait en Occident au
pape François est d’avoir ouvert les portes à quelque chose qui existe depuis
très longtemps chez les orthodoxes : la possibilité pour les divorcés de se
remarier et communier.
Les mêmes qui évoquent la conversion « acquise » de la Russie sont les premiers
à dénoncer cette dérive qui ne concerne pas seulement la discipline mais le
sens des sacrements et tout le sens moral. L’Eglise
catholique semble en cela se rapprocher de l’orthodoxie ; on n’a peut-être
jamais été aussi proche d’une fausse entente œcuménique. D’une grande entente
dont la Russie mènerait le jeu.
On notera enfin que les reproches adressés à l’Occident
en pleine décadence des mœurs sont les mêmes, qu’ils viennent de ces tenants de
la « révolution conservatrice », mais plus exactement de la « Tradition »
ésotérique prête à s’allier avec l’islam, ou de l’islam radical lui-même qui
veut tuer des « croisés » à la fois parce qu’ils sont du Christ et parce qu’ils
ont abandonné toute décence.
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