29 de noviembre de 2010

Fonte: Michel Schooyans e Anne-Marie Libert, Le terrorisme à visage humain, Paris, Éd. de Guibert, 2008.
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Michel Schooyans
Professeur émérite de l’Université de Louvain
Voie du Roman Pays, 31, boîte 101
B-1348  Louvain-la-Neuve, Belgique
Tél. : +32.10.45.01.66
Fax : +32.10.45.75.37
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Le sida et le préservatif



Il est bien connu que certaines personnes ont été frappées par le sida sans que leur responsabilité morale soit le moins du monde engagée. Cette maladie peut avoir été transmise à l'occasion d'une transfusion sanguine, d’une erreur médicale ou de contacts accidentels. Il y a aussi des membres du personnel soignant qui contractent le mal en se dévouant à des malades séropositifs.
Ce ne sont pas ces cas que nous examinerons ici. Nous nous pencherons sur des déclarations émises ces dernières années et émanant de diverses personnalités en vue dans le monde académique et/ou ecclésiastique, le plus souvent des moralistes et des pasteurs. Nous les appellerons des dignitaires. Nous nous abstiendrons de les citer nommément pour éviter de personnaliser le débat et pour concentrer notre attention sur la discussion morale.


Désarroi et confusion

Portant sur le recours au préservatif en cas de sida, ces déclarations ont souvent semé un profond désarroi dans l'opinion publique et dans l'Église. Elles sont souvent assorties de propos surprenants concernant la personne et la fonction du Pape, ainsi que l’autorité de l’Église. Dans la foulée, on retrouve aussi les habituels cahiers de doléances à propos de la morale sexuelle, du célibat, de l'homosexualité, de l'ordination des femmes, de la communion donnée aux divorcés remariés et aux avorteurs, etc. Une occasion comme une autre de globaliser les problèmes…
Ces dignitaires se sont exprimés avec une complaisance certaine dans des médias grand public. Ils y ont plaidé en faveur du préservatif en cas de risque de contamination du partenaire sain par le sida. L'Église devrait, selon eux, changer sa position à ce sujet.
Ces déclarations provoquent beaucoup de confusion dans l'opinion publique ; elles troublent les fidèles, divisent les prêtres, ébranlent l'épiscopat, discréditent le corps cardinalice, minent le magistère de l'Église et visent frontalement le Saint-Père. D'autres, à présent retraités ou défunts, avaient déjà mené la fronde dans ces domaines. Aujourd’hui cependant, ces propos ont souvent provoqué la consternation, car les gens s'attendent à plus de prudence, de rigueur morale, théologique et disciplinaire de la part de ces dignitaires. Influencés par des idées à la mode dans certains milieux, ces dignitaires s’évertuent à « justifier » l'usage du préservatif en bricolant une « argumentation » avec des trucs passe-partout comme le moindre mal ou le double effet.
Un de ces dignitaires est allé jusqu'à faire du recours au préservatif un devoir moral si l'on veut éviter d'enfreindre le Vème commandement. En effet, argumente-t-il, si une personne atteinte du sida refuse de pratiquer l'abstinence, elle doit protéger son partenaire et le seul moyen de le faire, dans ce cas, c’est de recourir au préservatif.
De tels propos ont pourtant de quoi laisser perplexes et ils sont révélateurs d'une connaissance partielle et partiale de la morale la plus naturelle et en particulier de la morale chrétienne.[1] Leur façon de présenter les choses est pour le moins étonnante.



Un problème de morale naturelle


Des propos rassurants mais mensongers

L'argumentation des dignitaires au sujet du préservatif est d'un simplisme inattendu, et on recommanderait volontiers aux intéressés de prendre connaissance d'études scientifiques et cliniques qui font autorité plutôt que de ressasser et d'accréditer des ragots depuis longtemps démentis par les tests-achats de n'importe quel magazine de consommateurs.
Comment passer sous silence que l’effet de contention que semble opérer le préservatif est largement illusoire ? Il l’est dans la mesure où ledit préservatif est mécaniquement fragile, où il incite à la multiplication des partenaires, où il favorise la variété des expériences sexuelles, et où pour toutes ces raisons il augmente les risques au lieu de les diminuer.
Quant à la seule prévention vraiment efficace, elle est à chercher dans la renonciation aux comportements à risques et dans la fidélité.
De ce point de vue, la qualification morale de l’usage du préservatif est un problème d’honnêteté scientifique et de morale naturelle. L’Église a non seulement le droit mais aussi le devoir de se prononcer à ce sujet.


« L’échec, c’est la mort à tout coup »

Or les interventions des dignitaires omettent de faire état d’études récentes et de valeur scientifique incontestable, telle celle du Dr Jacques Suaudeau.[2] A défaut d’être informés des études récentes, les auteurs pourraient au moins tenir compte de mise en gardes antérieures, émanant elles aussi des plus hautes autorités scientifiques. En 1996, par exemple, on lit dans le rapport du Professeur Henri Lestradet, de l’Académie nationale de Médecine (Paris) [3] :

« Il convient […] de faire remarquer que le préservatif a été initialement préconisé comme moyen contraceptif. Or […] le taux “d’échec” varie de l’avis général entre 5 à 12 % par couple et par année d’utilisation.
A priori, […] on voit mal comment le VIH cinq cent fois moins volumineux qu’un spermatozoïde bénéficierait d’un taux d’échec inférieur. Il y a toutefois une énorme différence entre ces deux situations. En effet lorsque, comme moyen de contraception le préservatif n’est pas parfaitement efficace, l’échec a pour conséquence le développement d’une nouvelle vie alors qu’avec le VIH, l’échec c’est la mort à tout coup. »[4]

Considérant ensuite le cas des séropositifs, le même rapport fait remarquer que

« La seule attitude responsable de la part d’un homme séropositif est en réalité de s’abstenir de tout rapport sexuel, protégé ou non. […]  Si une relation stable de couple est envisagée, les recommandations devraient être les suivantes : faire chacun un test de dépistage, le recommencer trois mois plus tard et dans l’intervalle s’abstenir de tout rapport sexuel (avec ou sans préservatif). Ensuite privilégier la fidélité réciproque. »[5]

Les dignitaires, auteurs des propos que nous analysons, feraient bien de prêter attention à une conclusion dramatique de l’étude médicale que nous citons :

« L’affirmation mille fois proclamée (par les responsables de la santé, le Conseil supérieur du Sida et les associations de lutte contre le sida) de la sécurité totale apportée en toutes circonstances par le préservatif est sans aucun doute à la source de très nombreuses contaminations dont on se refuse actuellement à trouver l’origine.  »[6]

Des campagnes internationales sont menées dans les sociétés « exposées » pour inonder celles-ci de préservatifs. Des autorités religieuses sont invitées à leur donner leur éminent patronage. Or malgré ces campagnes, et probablement à cause de ces campagnes, des progrès de la pandémie sont régulièrement observés.
En juillet 2004, l’une des plus hautes autorités mondiales en matière de Sida, le médecin belge Jean-Louis Lamboray, a donné sa démission au Programme des Nations Unies contre le Sida (ONUSIDA). Il motivait sa démission par « l’échec des politiques pour freiner la propagation de cette maladie. » Ces politiques ont échoué parce que « ONUSIDA a oublié que les véritables mesures préventives “se décident dans les maisons des gens et non dans les bureaux des experts” ».[7]
Avant de lancer des déclarations péremptoires, les dignitaires pourraient se souvenir de ce que déclarait un médecin très médiatisé et peu suspect de sympathies pour les positions de l’Église. Voici ce qu’écrivait en 1989 feu le Professeur Léon Schwartzenberg :
         
« Ce sont, bien sûr, principalement les jeunes qui vont être les propagateurs [du sida] ; or, ils ne sont absolument pas conscients du drame du sida, qui pour eux est une maladie de vieux. Ils sont confortés dans cette conviction par l’attitude de la classe politique, beaucoup plus vieille qu’eux et qui organise une propagande débile : la publicité officielle pour les préservatifs a l’air d’être faite par des gens qui n’en utilisent jamais pour des gens qui ne veulent pas en utiliser. »[8]

Les auditeurs, lecteurs et téléspectateurs ne peuvent donc prendre pour argent comptant les propos imprudents que leur adressent les dignitaires, sans quoi ils risquent, comme eux, des se voir accusés tôt ou tard d’être « à la source de très nombreuses contaminations.  »


Un problème de morale chrétienne


Il est en outre spécieux d'affirmer que l'Église n'a pas d'enseignement officiel sur le sida et le préservatif. Même si le Pape évite systématiquement d'utiliser ce dernier mot, les problèmes moraux posés par l'usage du préservatif sont abordés dans tous les grands enseignements portant sur les relations conjugales et les fins du mariage. Lorsqu'on traite du sida et du préservatif à la lumière de la morale chrétienne, il faut avoir à l’esprit que rappeler celle-ci comporte des points essentiels : l'union charnelle doit se faire dans le cadre du mariage monogamique de l'homme et de la femme ; la fidélité conjugale est le meilleur rempart contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida; l'union conjugale doit être ouverte à la vie, à quoi il faut ajouter le respect de la vie d’autrui.


Conjoints ou partenaires ?

Il s’ensuit que l'Église n'a pas à prêcher une « morale » du partenariat sexuel. Elle doit enseigner et enseigne une morale conjugale et familiale. Elle s’adresse aux époux, aux couples unis sacramentellement dans le mariage, qui est monogamique et hétérosexuel. Les propos divulgués à propos du préservatif par les dignitaires concernent des partenaires, que ceux-ci entretiennent des relations pré- ou extra-matrimoniales, épisodiques ou suivies, hétérosexuelles, homosexuelles, lesbiennes, sodomiques, etc. On ne voit pas pourquoi l'Église, et moins que quiconque des dignitaires investis d'autorité magistérielle, devraient, au risque de scandaliser, venir à la rescousse du vagabondage sexuel et gérer les péchés de ceux qui, dans la plupart des cas, se moquent complètement, pratiquement et souvent théoriquement, de la morale chrétienne. «Péchez, mes frères, mais en sécurité! » Après le « Safe Sex », voici le « Safe Sin » !
L'Église et ses dignitaires n'ont donc point pour mission d'expliquer comment faire pour pécher confortablement. Ils abuseraient de leur autorité s’ils se mettaient à prodiguer des conseils sur la façon de conclure un divorce, puisque l’Église considère que le divorce est toujours un mal. C'est même endurcir le pécheur que de lui montrer comment il devrait s'y prendre pour échapper aux conséquences indésirables de son péché.
D'où la question : est-il admissible que des dignitaires, normalement gardiens de la doctrine, occultent les exigences de la morale naturelle et de la morale évangélique, et qu'ils ne lancent pas plutôt un appel à un changement de conduite ?
Il est inadmissible et irresponsable que des dignitaires donnent leur caution à l'idée de safe sex, utilisée pour rassurer les usagers du préservatif, alors qu'on sait que cette expression est mensongère et conduit à l’abîme. Ces distingués dignitaires devraient donc se demander si non seulement ils n'incitent pas à mépriser le VIème commandement de Dieu, mais à bafouer aussi le Vème commandement, « Tu ne tueras point ». La fausse sécurité offerte par le préservatif, loin de réduire les risques de contamination, les multiplie. Le reproche de ne pas honorer le Vème commandement se retourne contre  ceux-là même qui l'adressaient aux « partenaires » qui ne font pas usage du préservatif.
L’argumentation invoquée pour tenter de « justifier » l’usage « prophylactique » du préservatif est ainsi réduite à néant tant aux regard de la morale naturelle que de la morale chrétienne.
Peut-être serait-il été plus simple de dire que, si des conjoints s'aiment vraiment, et si l'un est atteint de choléra, de peste bubonique ou de tuberculose pulmonaire, il s'abstiendront de contacts pour éviter la contagion.


L’objectif : le grand chambardement


Une erreur de méthode

Au début de cette analyse, nous signalions que les dignitaires qui préconisent le préservatif associaient fréquemment à leur plaidoyer d’autres causes que celle des « partenaires » sexuels prévoyants et organisés. En fait, on monte ce cas en épingle pour mettre en question tout l’enseignement de l’Église sur la sexualité humaine, ensuite sur le mariage, ensuite sur la famille, ensuite sur la société, ensuite l’Église elle-même. C’est ce qui explique en partie l’absence presque totale d’intérêt de ces dignitaires pour les conclusions scientifiques et les données de la morale naturelle. C’est pourtant celles-ci, les conclusions et les données, que les dignitaires devraient prendre en compte préalablement aux considérations sur la morale chrétienne. En raison de cette erreur – volontaire ou non – de méthode, les dignitaires veulent ouvrir la voie à un chambardement de la morale chrétienne. Ils veulent même chambarder la dogmatique chrétienne, puisqu’ils se réservent le droit d’en appeler à leurs opinions pour convoquer toute l’institution ecclésiale à une réforme susceptible d’avaliser leur morale et leur dogmatique. Ils entendent ainsi participer, à leur niveau, à cette nouvelle révolution culturelle que nous analysons dans un autre chapitre de cet ouvrage.
          Toutefois, comme ces dignitaires ont commis, dès le point de départ, une erreur de méthode, en négligeant des données essentielles du problème qu’ils prétendent traiter, ils s’engagent inévitablement sur une voie savonneuse. A partir de prémisses fausses, on ne peut aboutir qu’à des conclusions fausses. Il est facile de voir où conduisent les considérations erratiques des dignitaires concernés. On peut les résumer en trois sophismes démontables par n’importe quel collégien.


Trois sophismes

Premier sophisme :
Majeure : Ne pas utiliser de préservatif favorise le sida.
Mineure : Or favoriser le sida, c'est favoriser la mort.
Conclusion : Donc ne pas utiliser le préservatif c'est favoriser la mort.
Ce raisonnement tordu repose sur l'idée que se protéger, c'est utiliser le préservatif. Les partenaires peuvent être plusieurs. La fidélité n'est même pas envisagée. Les pulsions sexuelles étant supposées irrésistibles et la fidélité conjugale impossible, le seul moyen de ne pas contracter le sida est de faire usage du préservatif.

Deuxième sophisme :
Majeure : Le préservatif est la seule protection contre le sida.
Mineure : Or l'Église est contre le préservatif.
Conclusion : Donc l'Église favorise le sida.
Ce pseudo-syllogisme repose sur une assertion abusive énoncée dans la majeure, à savoir que le préservatif est la seule protection contre le sida. Nous sommes en présence d'une pétition de principe. Il s'agit ici d'un raisonnement fallacieux où, la première prémisse étant présentée comme incontestable, il va de soi que le reste l'est aussi. On affirme comme vrai ce qui devrait être démontré, à savoir que le préservatif est la seule protection contre le sida.

Un cas de polysyllogisme
Voici finalement un exemple de pseudo-polysyllogisme, un sorite sophistique, auquel les dignitaires ne devraient pas rester indifférents :
Majeure : L'Église est contre le préservatif;
Mineure : Or le préservatif empêche les grossesses non désirées ; Conclusion/Majeure : Donc l'Église favorise les grossesses non désirées.
Mineure : Or les grossesses non désirées sont évitées par l'avortement ;
Conclusion : Donc l'Église favorise l'avortement.
En résumé, le renouveau de la morale et de l’ecclésiologie chrétiennes n’a rien à attendre de l’exploitation perfide des malades et de leur mort.





[1] Le Cardinal Alfonso López Trujillo, Président du Conseil Pontifical pour la Famille, a consacré une Reflection vigoureuse, précise et très documentée à la question que nous examinons ici. Voir son article "Family Values versus Safe Sex", daté du 1 décembre 2003. Ce texte est accessible sur . Le même Cardinal a également exposé la position de l'Église sur cette question dans un retentissant programme de TV de la BBC du dimanche 12 octobre 2003.
[2] Dr Jacques Suaudeau, article « Sexualité sans risques » dans le Lexique des termes ambigus et controversés, publié par le Conseil Pontifical pour la Famille, Paris, Éd. Téqui, 2005 ; voir pp. 905-926.
[3] Henri Lestradet, Le Sida, Propagation et prévention. Rapports de la commission VII de l’Académie nationale de Médecine, avec commentaires, Paris, Éditions de Paris, 1996.
[4] Le Sida, o. c. à la note précédente; cf. p. 42.
[5] Le Sida, cf. p. 46.
[6] Le Sida, cf. pp. 46 s.
[7] Cf. la dépêche de l’ACI du 6 juillet 2004.
[8] Léon Schwartzenberg, Interview dans La Libre Belgique (Bruxelles), 13 mars 1989, p. 2.




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VERSION EN ESPAÑOL
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Autor: Michel Schooyans, PhD, PhLD, STD


El sida y el preservativo
La calificación moral del uso del preservativo es un problema de honestidad científica y de moral natural. La Iglesia tiene no solamente el derecho, sino también el deber de pronunciarse sobre este tema
 

El sida y el preservativo

Es bien conocido que algunas personas se enfermaron de sida sin haber tenido la menor responsabilidad moral. Esta enfermedad puede haber sido transmitida a causa de una transfusión sanguínea, un error médico o de contactos accidentales. Hay también miembros del personal tratante que contraen el mal al dedicarse a los enfermos seropositivos.

Estos no son los casos que examinaremos aquí. Nos ocuparemos de las declaraciones formuladas estos últimos años y emitidas por diversas personalidades conocidas en el mundo académico y/o eclesiástico, en la mayoría de los casos moralistas y pastores. Los llamaremos dignatarios. Nos abstendremos de citarlos por el nombre para evitar personalizar el debate y para concentrar nuestra atención sobre la discusión moral.

Desconcierto y confusión

Refiriéndose al recurso al preservativo en caso de sida, estas declaraciones han sembrado un profundo desconcierto en la opinión pública y en la Iglesia. Ellas vienen con frecuencia acompañadas de palabras sorprendentes relativas a la persona y la función del Papa, al igual que a la autoridad de la Iglesia. Se encuentran también seguidas por los habituales cuadernos de reclamos con respecto a la moral sexual, al celibato, a la homosexualidad, a la ordenación de las mujeres, de la comunión dada a los divorciados vueltos a casar y a los que realizan abortos, etc. Una ocasión como otra para globalizar los problemas...

Estos dignatarios se han expresado con una indudable complacencia en los medios de difusión al gran público. Allí se expresaron a favor del uso del preservativo en caso de riesgo de contaminación por sida de la pareja sana. La Iglesia debería, según ellos, cambiar su posición a este respecto.

Estas declaraciones provocan mucha confusión en la opinión pública ; hacen dudar a los fieles, dividen a los sacerdotes, debilitan al episcopado, desacreditan al cuerpo cardenalicio, corroen el magisterio de la Iglesia y enfrentan directamente al Santo Padre. Otras, al presente retiradas o muertas, habían ya causado la revuelta en estos dominios. Sin embargo, hoy estas declaraciones han causado consternación, porque la gente espera mayor prudencia, rigor moral, teológico y disciplinario de la parte de estos dignatarios. Influenciados por las ideas a la moda en algunos medios, estos dignatarios se esfuerzan en “justificar” el uso del preservativo armando una argumentación con cosas para todo uso como el mal menor o el doble efecto.

Uno de estos dignatarios hasta llegó a hacer del uso del preservativo un deber moral si se quiere evitar transgredir el V mandamiento. En efecto, según su argumento, si una persona afectada de sida rechaza practicar la abstinencia, debe proteger a su pareja y el único medio de hacerlo, en ese caso, es recurrir al preservativo.

No obstante, semejantes declaraciones sin duda causan perplejidad y revelan un conocimiento incompleto y parcial de la moral más natural y en particular de la moral cristiana. Su manera de presentar las cosas es, como mínimo, sorprendente.

Un problema de moral natural

Palabras reconfortantes pero mentirosas

La argumentación de los dignatarios con respecto al preservativo es de un simplismo inesperado, y recomendaríamos con gusto a los interesados tomar conocimiento de estudios científicos y clínicos que tienen gran rigor antes que repetir continuamente y creer los cuentos desmentidos desde hace tiempo por cualquier asociación de consumidores.

¿Cómo callar que el efecto de contención que parece tener el preservativo es ampliamente ilusorio? Lo es en la medida en que el llamado preservativo es mecánicamente frágil, en que incita a la multiplicación de las parejas, en que favorece la variedad de las experiencias sexuales y en que por todas estas razones aumenta los riesgos en lugar de disminuirlos.

La única prevención realmente eficaz , debe buscarse en la renuncia a los comportamientos de riesgo y en la fidelidad. Desde este punto de vista, la calificación moral del uso del preservativo es un problema de honestidad científica y de moral natural. La Iglesia tiene no solamente el derecho, sino también el deber de pronunciarse sobre este tema.

“El fallo, es la muerte segura”

Ahora bien, las intervenciones de los dignatarios omiten mencionar estudios recientes de un valor científico incontestable, como el del Dr. Jacques Suaudeau. A falta de estar informados de los estudios recientes, los autores podrían al menos tener en cuenta las advertencias anteriores, emanadas ellas también de las más altas autoridades científicas. En 1996, por ejemplo, se lee en el informe del Profesor Henri Lestradet, de la Academia nacional de Medicina (Paris) :

“Conviene [...] destacar que el preservativo fue inicialmente preconizado como medio anticonceptivo. Ahora bien, la tasa de fracaso varia en la opinión general entre 5 a 12 % por pareja y por año de utilización.A priori, [...] no se entiende cómo el HIV quinientas veces menos voluminoso que un espermatozoide se beneficiaría de una tasa de fracaso inferior. No obstante hay una enorme diferencia entre estas dos situaciones. En efecto, cuando como medio anticonceptivo el preservativo no es perfectamente eficaz, el fracaso tiene como consecuencia el desarrollo de una nueva vida mientras que con el HIV, el fracaso es la muerte segura.”

Considerando a continuación los casos seropositivos, el mismo informe señala que

“La única actitud responsable de la parte de un hombre seropositivo es en realidad de abstenerse de toda relación sexual, protegida o no. [...] Si se proyecta una relación estable de pareja, las recomendaciones deberían ser las siguientes : hacer cada uno un test de diagnóstico precoz, repetirlo tres meses más tarde y en el intervalo abstenerse de toda relación sexual (con o sin preservativo). Luego privilegiar la fidelidad recíproca.”

Los dignatarios, autores de las declaraciones que analizamos, harían bien en prestar atención a una conclusión dramática del estudio médico que citamos :

“La afirmación mil veces proclamada (por los responsables de la salud, el Consejo superior del Sida y las asociaciones de lucha contra el sida) de la seguridad total aportada en todas circunstancias por el preservativo está sin ninguna duda en el origen de muchas contaminaciones de las cuales se niega encontrar la causa.”

Se han llevado a cabo campañas internacionales en las sociedades “expuestas” para inundarlas de preservativos. Fueron invitadas autoridades religiosas para dar su eminente patrocinio. Ahora bien, a pesar de estas compañas, y probablemente a causa de estas campañas, son regularmente observados progresos de la pandemia.

En julio de 2004, una de las mayores autoridades mundiales en materia de Sida, el médico belga Jean-Louis Lamboray, renunció al Programa de las Naciones Unidas contra el Sida (ONUSIDA). Motivaba su dimisión por “el fracaso de las políticas para frenar la propagación de esta enfermedad.” Estas políticas han fracasado porque “ONUSIDA olvidó que las verdaderas medidas preventivas se deciden en las casas de la gente y no en el escritorio de los expertos”.

Antes de lanzar declaraciones perentorias, los dignatarios podrían recordar lo que declaraba un medico muy mediático y poco sospechoso de simpatías por las posiciones de la Iglesia. He aquí lo que escribía en 1989 el difunto Profesor León Schwartzenberg :

“Son, sin duda, principalmente los jóvenes quienes serán los propagadores [del sida] ; ahora bien, ellos no son absolutamente conscientes del drama del sida, que para ellos es una enfermedad de viejos. Ellos son reafirmados en esta convicción por la actitud de la clase política, mucho más vieja que ellos y que organiza una propaganda débil : la publicidad oficial por los preservativos parece ser hecha por gente que no los utiliza jamás, para gente que no quiere utilizarlos.”

Los oyentes, lectores y telespectadores no pueden por tanto creer ingenuamente las declaraciones imprudentes que les dirigen los dignatarios, sin arriesgarse a, como ellos, verse acusados tarde o temprano de estar “en el origen de gran número de contaminaciones.”

Un problema de moral cristiana

Además es engañoso afirmar que la Iglesia no tiene enseñanza oficial sobre el sida y el preservativo. Incluso si el Papa evita sistemáticamente utilizar esta última palabra, los problemas morales suscitados por el uso del preservativo son abordados en todas las grandes enseñanzas relativas a las relaciones conyugales y los fines del matrimonio. Cuando se trata el sida y el preservativo a la luz de la moral cristiana, hay que tener presente que recordar ésta comporta puntos esenciales: la unión carnal debe hacerse en el marco del matrimonio monogámico del hombre y de la mujer ; la fidelidad conyugal es el mejor resguardo contra las enfermedades sexualmente transmisibles y el sida ; la unión conyugal debe estar abierta a la vida, a lo que hay que agregar el respeto a la vida del otro.

¿Cónyuges o parejas?

Resulta que la Iglesia no tiene que predicar una moral de la pareja sexual. Ella debe enseñar y enseña una moral conyugal y familiar. Ella se dirige a los esposos, a las parejas unidas sacramentalmente en el matrimonio, que es monogámico y heterosexual. Las declaraciones divulgadas a propósito del preservativo por los dignatarios conciernen parejas, las cuales mantienen relaciones pre o extramatrimoniales, episódicas o continuas, heterosexuales, homosexuales, lesbianas, sodomíticas, etc. No se ve por qué la Iglesia y, menos, cualquiera de los dignatarios investidos de autoridad magisterial, deberían, a riesgo de escandalizar, venir en auxilio del vagabundeo sexual y administrar los pecados de aquellos que, en la mayoría de los casos, se burlan completamente, en la práctica y con frecuencia en forma teórica, de la moral cristiana. “¡Pecad, hermanos, pero de manera segura!” ¡Luego del “Safe Sex” (Sexo seguro), he aquí el “Safe Sin” (Pecado seguro)!

La Iglesia y sus dignatarios no tienen en absoluto por misión explicar cómo hacer para pecar confortablemente. Abusarían de su autoridad si se pusieran a prodigar consejos sobre la manera de terminar un divorcio, ya que la Iglesia considera que el divorcio está siempre mal. Es incluso endurecer al pecador, el mostrarle cómo él debería actuar para escapar de las consecuencias indeseables de su pecado.

De donde la pregunta: ¿es admisible que estos dignatarios, normalmente guardianes de la doctrina, oculten las exigencias de la moral natural y de la moral evangélica, y que no lancen más bien una llamada a un cambio de conducta?

Es inadmisible e irresponsable que estos dignatarios den su aprobación a la idea del sexo seguro, utilizada para dar tranquilidad a los usuarios del preservativo, mientras que se sabe que esta expresión es mentirosa y conduce al abismo. Estos distinguidos dignatarios deberían, por tanto, preguntarse si ellos no incitan solamente a despreciar el VI mandamiento de Dios, sino también a escarnecer el V mandamiento, "No matarás". La falsa seguridad ofrecida por el preservativo, lejos de reducir los riesgos de contaminación, los multiplica. El reproche de no honrar el V mandamiento se vuelve contra los mismos que lo dirigían a las "parejas" que no hacen uso del preservativo.
La argumentación invocada para intentar "justificar" el uso "profiláctico" del preservativo es así reducida a nada, tanto con relación a la moral natural como a la moral cristiana.

Probablemente hubiese sido más simple decir que si los cónyuges se aman de verdad, y si uno es atacado por el cólera, la peste bubónica, o la tuberculosis pulmonar, se abstendrán de contactos para evitar el contagio.

Objetivo : una nueva revolución cultural

Un error de método

Al comienzo de este análisis, señalábamos que los dignatarios que preconizan el preservativo asocian frecuentemente a su discurso otras causas que aquellas de las "parejas" sexuales previsoras y organizadas. De hecho, se cita en especial ese caso, para cuestionar toda la enseñanza de la Iglesia sobre la sexualidad humana, sobre el matrimonio, luego sobre la familia, también sobre la sociedad, finalmente sobre la Iglesia misma. Es lo que explica en parte la ausencia casi total de interés de estos dignatarios por las conclusiones científicas y los datos de la moral natural. Estos son, sin embargo, las conclusiones y los datos, que los dignatarios deberían tomar en cuenta a la hora de hacer consideraciones sobre la moral cristiana. Ellos quieren incluso revolucionar la dogmática cristiana, pues se reservan el derecho de apelar a sus opiniones para convocar a toda la institución eclesial a una reforma susceptible de avalar su moral y su dogmática. Intentan así participar, en su ámbito, de esta nueva revolución cultural que analizamos en otro capítulo de este libro.

Sin embargo, como estos dignatarios cometieron, desde el punto de partida, un error de método, al despreciar datos esenciales del problema que pretenden tratar, se introducen en un camino resbaladizo. A partir de premisas falsas, sólo se puede llegar a conclusiones falsas. Es fácil ver donde conducen las consideraciones erráticas de los dignatarios implicados. Se las puede resumir en tres sofismas desmontables por cualquier estudiante secundario.

Tres sofismas

Primer sofisma:
Mayor : No utilizar el preservativo favorece el sida.
Menor: Favorecer el sida , es favorecer la muerte.
Conclusión: Por tanto, no utilizar el preservativo es favorecer la muerte.

Este razonamiento retorcido se basa en la idea que protegerse, es utilizar el preservativo. Las parejas sexuales pueden ser varias. La fidelidad ni siquiera es considerada. Supuestos irresistibles los impulsos sexuales e imposible la fidelidad conyugal, el único medio para no contraer el sida es hacer uso del preservativo.

Segundo sofisma:

Mayor: El preservativo es la única protección contra el sida.
Menor: La Iglesia está contra el preservativo.
Conclusión: Por tanto, la Iglesia favorece el sida.

Este pseudosilogismo se basa en una aserción abusiva enunciada en la mayor, a saber que el preservativo es la única protección contra el sida. Estamos en presencia de una petición de principio. Aquí se trata de un razonamiento falaz donde, la primera premisa siendo presentada como incontestable, va de suyo que el resto también lo es. Se afirma como verdadero lo que debería ser demostrado, a saber que el preservativo es la única protección contra el sida.

Un caso de polisilogismo

Aquí finalmente un ejemplo de seudopolisilogismo, un sorites sofístico, el cual los dignatarios podrían estudiar:
Mayor: La Iglesia está contra el preservativo;
Menor: El preservativo evita los embarazos no deseados;
Conclusión/Mayor: Por tanto la Iglesia favorece los embarazos no deseados.
Menor: Los embarazos no deseados se evitan por el aborto;
Conclusión: Por tanto, la Iglesia favorece el aborto.

En resumen, la renovación de la moral y de la eclesiología cristianas no tiene nada que esperar de la explotación pérfida de los enfermos y de su muerte.