La proposition d’un « Pacs amélioré » comme alternative au « mariage pour tous » divise les catholiques et affaiblit la réaction
Une mobilisation contre toute attente
Le 17 novembre dernier, la mobilisation de la base a dépassé toutes les attentes, la « Manif pour tous » ayant réuni de cinq à sept fois plus de participants que n’avaient prévu la police et les organisateurs. Les calculs du Figaro – images à l’appui – ont indiqué qu’à Paris, de 20 000 manifestants attendus le chiffre est monté à 100 000 ou 120 000 marcheurs.
Le lendemain, la manifestation à l’initiative de Civitas a elle aussi été un franc succès, réunissant 20 000 personnes malgré la concurrence imprévue de la manifestation de la veille et la mauvaise presse que lui avaient faite certains réseaux, plus inquiets de l’accusation d’« intégrisme » que de l’unité du mouvement contre le projet de dénaturation du mariage.
Le secret de la réussite n’aura échappé à personne : la mobilisation des paroisses et des mouvements d’inspiration catholique, avec le soutien officieux de l’épiscopat.
Le recteur de la mosquée de Villeurbanne, Azzedine Gaci – qui a défilé à Lyon aux côtés du cardinal Barbarin – s’est plaint à Famille chrétienne que les musulmans « ne se sont peu ou pas mobilisés ». « La plupart des musulmans ne se sentent pas concernés, a-t-il assuré, et ne voient pas quelles conséquences cela aura dans leur vie quotidienne ». Les Juifs quant à eux ne pouvaient pas même y participer, la « Manif pour tous » ayant eu lieu un samedi.
L’expectative est désormais que ces défilés soient le prélude, le 13 janvier, à une manifestation capable de rivaliser pour le nombre avec la marche historique de 1984 en défense de l’école libre. L’évocation de celle-ci n’est pas incongrue, les sondeurs constatant un basculement de l’opinion publique vers une opposition croissante au pseudo-mariage homosexuel et, surtout, à l’adoption d’enfants par des couples de même sexe.
Comme il y a trente ans, une France profonde se réveille. Elle réagit et peut parfaitement forcer le gouvernement à abandonner son projet.
À deux conditions près cependant : 1) que le mariage homosexuel trouve devant lui une opposition unie ; 2) que le but fixé par les dirigeants de la mobilisation soit clair et épouse les aspirations de la base militante, catholique à 90.
Dans ce sens, une part de la responsabilité revient à l’ensemble des évêques de France ou, au moins, aux figures de proue de l’épiscopat français.
Un seul mot d’ordre vigoureux autour d’un objectif ambitieux, et tous ceux qui se réfèrent aux principes essentiels découlant de la morale chrétienne se mettront en route comme un seul homme vers le même cap et militeront jusqu’à l’arrivée à bon port du mouvement qui réagit.
Que ce mot d’ordre soit mou, autour d’un objectif de repli, et les composantes catholiques – pratiquantes ou non – se présenteront à la bataille moins énergiques et en ordre dispersé. Une vague d’apathie et de défaitisme parcourra le public familial et préparera la capitulation, scellant l’enterrement d’une force de frappe dont personne de sérieux ne saurait nier le potentiel…
Parmi les évêques, de nombreuses prises de position timides et divergentes
Cette préoccupation est pertinente, car les succès obtenus jusqu’à présent sont dus à la mobilisation des troupes catholiques malgré les atermoiements et les différences de position de leurs Pasteurs. Certains pensent que le commentaire de Mgr Jean-Pierre Cattenoz – « le mariage pour tous aura au moins uni les évêques, m’a-t-on dit récemment » – témoigne de ce que les personnes qui l’ont informé n’ont fait que prendre leurs désirs pour la réalité.
Ces divergences de position entre les évêques portent sur la stratégie pour réagir, mais aussi – trois fois, hélas ! – sur la position de fond de certains représentants de l’Église catholique devant la réclamation des homosexuels de voir leurs pratiques reconnues juridiquement et acceptées socialement.
Une minorité d’évêques plutôt jeunes voient lucidement que la France et l’Occident se trouvent en présence d’une escalade idéologique plus pernicieuse que celle du marxisme en son temps.
Début août, Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio, l’a décrite avec précision dans un éditorial :
« Nous sommes sous la mouvance d’un courant idéologique qui ne compte pas en rester là. L’étape suivante a commencé à se dévoiler au travers de la théorie du genre. Il s’agit de faire passer l’idée selon laquelle la différence sexuelle n’est que de l’ordre du biologique et ne concerne donc pas l’identité profonde de la personne. Chacun peut donc choisir son orientation sexuelle (…) indépendamment de son sexe. Il sera par conséquent interdit – car considéré comme de l’embrigadement – de donner à un garçon des repères éducatifs masculins et à une petite fille des repères éducatifs féminins. Ce serait aller contre une liberté individuelle toute-puissante revendiquant son affranchissement vis-à-vis de la nature…»
Pour ces évêques, la stratégie la plus appropriée face à une telle offensive idéologique est celle de la résistance ouverte, car, pour continuer avec Mgr de Germay, « la déconstruction annoncée n’est pas une fatalité. L’histoire a montré qu’une société possède en elle-même une capacité à réagir dans des situations catastrophiques. Nous devons donc nous mobiliser ».
Cette vision lucide et courageuse des choses est loin d’être partagée par tous les membres de l’épiscopat. Aussitôt après l’élection de François Hollande à la magistrature suprême, la responsable de la chronique religieuse du Monde, Stéphanie Le Bars, commentait sur son blog :
« Sans entrer en guerre ouverte et afin d’éviter tout procès d’intention, la plus grande partie de la hiérarchie catholique s’est pour l’instant plutôt efforcée de faire passer des messages à l’entourage de François Hollande. Sans l’assurance d’avoir été entendue ».
Quel modèle? La voie allemande ou la voie espagnole?
Dans son Dossier spécial sur le projet gouvernemental d’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, La Croix a expliqué le choix que l’épiscopat français a dû faire : « Éviter un scénario à l’espagnole. Suite... |
Négociation donc, plutôt que face à face. Deux mois plus tard, on voit en effet émerger l’initiative d’une prière nationale unique transmise par le cardinal Vingt-Trois à tous les diocèses, et destinée à la lecture dans les églises à l’occasion du 15 août.
La prière présentait l’avantage de ne pas prendre trop de distance par rapport aux aspirations de la base catholique militante. Delphine de Mallevoüe, journaliste du Figaro, en fait le constat :
« Pour l’épiscopat français, cette prière nationale est une manière mesurée de réaffirmer ses valeurs et de replacer les convictions des catholiques dans le débat politique. Manière aussi de ne pas laisser sa voix se faire couvrir par celle des groupes catholiques intégristes qui, depuis la volonté de la nouvelle majorité de légiférer sur des sujets contraires aux convictions catholiques, prennent des positions radicales (…) estime un prêtre du diocèse de Paris. »
Cette prière nationale – d’un ton fort modéré au demeurant puisqu’elle se limitait à prier Dieu « pour que tout enfant puisse grandir avec un père et une mère » – ne semble pas avoir été suffisante pour certains prélats désireux de s’engager plus à fond dans le débat.
Le premier à le faire fut le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, après une rencontre avec le ministre Manuel Valls, sur les ondes de la radio RCF : « C’est une rupture de société », avait expliqué le Cardinal. « Après, ça a des quantités de conséquences qui sont innombrables. Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour peut-être, l’interdiction de l’inceste tombera », a-t-il ajouté.
Devant la levée de boucliers de la gauche bien pensante, quelques évêques ont pris sa défense, mais la plupart sont restés silencieux, tandis que d’autres ont publiquement manifesté leur réprobation. Le cardinal Barbarin s’est ainsi cru obligé de déclarer que ses propos avaient été déformés. Le Journal du Dimanche en viendra à suggérer que « chez les catholiques, la question divise, et les propos du Primat des Gaules gênent, même en haut lieu. L’Archevêque de Lyon s’est déjà illustré cet été en sonnant le tocsin. Et avait commenté la prière du 15 août en des termes plus abrupts que son homologue parisien, souligne un évêque. Ainsi, il cherche à conforter sa position de figure de proue des opposants au mariage gay ».
Mais plusieurs évêques se sont alors prononcés en faveur d’un grand débat national, préalable à la discussion parlementaire du projet de loi, sur le modèle du débat sur les lois de la bioéthique. Les déclarations et les tribunes libres épiscopales ont commencé à se multiplier.
Un organisme de la Conférence épiscopale pour un « Pacs amélioré » !
À ce moment on note que parmi la majeure partie des évêques se dessine une option pour une stratégie intermédiaire qui évite d’une part la confrontation avec le Gouvernement et le puissant lobby homosexuel, et évite d’autre part un passage en masse des troupes chrétiennes du côté des « intégristes ». De fait, l’association Civitas avait déjà lancé une mobilisation autour d’une pétition approuvée par de nombreux signataires, et avait surtout annoncé une marche pour le dimanche 18 novembre.
La formule intermédiaire a d’abord consisté à promouvoir une campagne de lettres aux députés et responsables politiques. Plusieurs sites de diocèses ont proposé aux fidèles d’écrire en nombre pour gagner du poids, avalisant ainsi les méthodes utilisées par Avenir de la Culture.
Mais il fallait aussi trouver, pour cette stratégie intermédiaire, un objectif intermédiaire qui permettrait de négocier avec le Gouvernement comme avec les parlementaires, et trouver moins d’hostilité de la part des médias.
La parade fut vite trouvée : « au lieu du mariage, offrons un Pacs amélioré » !
Que penser de la formule ? Sur le plan social et fiscal, le Pacs reconnaît une série d’avantages à ceux qui l’ont signé. S’il n’est pas question de contester le respect des droits dont sont titulaires les personnes homosexuelles en tant que personnes, il en va différemment quant au regard qu’on doit porter sur les droits qu’elles ne sauraient avoir en tant que couples.
Parler de « Pacs amélioré » est alors une totale incohérence. Loin d’améliorer la situation, il l’aggrave au contraire, puisqu’il propose une formule encore plus nocive pour la société.
Mgr Gérard Daucourt a été le premier à exprimer publiquement ce qu’il pensait probablement tout bas depuis un certain temps, et plusieurs de ses confrères avec lui. Il l’a fait devant les micros de France Inter. Réagissant aux déclarations du cardinal Barbarin sur les suites prévisibles du « mariage pour tous » (l’ouverture aux unions à plusieurs et à l’inceste), l’évêque de Nanterre lança d’abord une pique contre la « précipitation » du Primat des Gaules et contre le passé de l’Église :
« C’est très grave les conséquences de cela. Parce que nous savons que les personnes concernées au premier chef ce sont les personnes homosexuelles, qui ont tellement souffert et qui ont été condamnées pendant des siècles par l’Église et par un certain nombre de personnes d’Église. Donc, ça, je comprends les réactions, si vous voulez. On ne peut pas parler avec une rapidité pareille. (…) Je trouve que ça est terrible pour des gens qui portent déjà assez d’épreuves pour les discriminations dont ils ont été l’objet de la part de l’Église et par beaucoup d’autres et qui le sont encore aujourd’hui en partie. (…) »
Mais le plus grave est venu ensuite :
« Moi une union homosexuelle, moi, je veux bien écouter, reconnaître, accompagner. Je connais un certain nombre de couples homosexuels… Je ne veux pas qu’on appelle cela mariage, c’est tout. (…)
« Alors, il y a le Pacs, je crois qu’on peut l’améliorer. Voilà, je serais plutôt dans cette ligne-là. (…) Je n’ai pas, moi, envie d’une opposition frontale, mais qu’on se parle, qu’on s’explique ».
Ce qui a été dit de façon claire par Mgr Daucourt a été repris deux semaines plus tard, dans un langage plus académique et policé, par le Conseil « Famille et Société » de la Conférence des Évêques de France (C.E.F.), dont le président est Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, et les membres Mgrs Boivineau (Annecy), Coliche (auxiliaire de Lille), Jacolin (Mende), Kratz (auxiliaire de Strasbourg) et Maillard (Bourges), assistés du P. Gildas Kerhuel, secrétaire-général adjoint de la Conférence épiscopale, de Sr Geneviève Médevielle, professeur de théologie morale, et de quatre autres spécialistes laïcs.
Le document s’intitule « Élargir le mariage aux personnes de même sexe ? Ouvrons le débat ! » et a été rédigé pour servir d’argumentaire à l’usage des diocèses, des paroisses et des mouvements catholiques. La majorité des diocèses l’ont effectivement mis en ligne et distribué de plusieurs manières. Quelques évêques se sont même abstenus de prendre la parole personnellement dans le débat, se limitant à renvoyer leurs ouailles à ce document.
Est-il si sûr que le Vatican soutienne la stratégie choisie par les Évêques français ?
Selon La Croix, Benoît XVI aurait apporté le samedi 17 novembre son soutien à la stratégie mise en oeuvre par l’épiscopat français... Suite |
Or le document – qui reflète le consensus de la « majorité modérée » de l’épiscopat français – manifeste un virage inquiétant : motivé par l’accompagnement pastoral, il encourage les fidèles à une attitude de tolérance positive et ouverte devant les couples qui vivent en concubinage homosexuel. Et il encourage l’État à leur accorder – comme un dû – une reconnaissance juridique qui va au-delà du Pacs.
Malgré quelques légères condamnations morales des actes d’homosexualité, le document déclare dès le départ qu’il ne peut y avoir de débat au fond – sur la revendication des personnes homosexuelles à disposer d’un cadre juridique pour une relation destinée à s’inscrire dans le temps – « lorsque la requête des personnes homosexuelles est disqualifiée a priori ».
Après le passage devenu de rigueur regrettant que « pendant longtemps, les personnes homosexuelles ont été condamnées et rejetées » et qu’« elles ont fait l’objet de toutes sortes de discriminations et de railleries » le document déclare qu’« aujourd’hui, cela n’est plus toléré », car « le droit proscrit toute discrimination et toute incitation à la haine, notamment en raison de l’orientation sexuelle, et il faut se féliciter de cette évolution ».
Ces deux considérations préalables ne manquent pas de surprendre tant elles prennent à contre-pied ce qu’a établi la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans sa déclaration solennelle « Observations au sujet des propositions de loi sur la non-discrimination des personnes homosexuelles » du 22 juillet 1992, signée par le Cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI :
« Il y a des domaines dans lesquels ce n’est pas une discrimination injuste de tenir compte de l’orientation sexuelle, par exemple pour le placement ou l’adoption d’enfants, pour l’engagement d’instituteurs ou d’entraîneurs sportifs, et le recrutement militaire.
« Il n’y a aucun droit à l’homosexualité, qui ne devrait donc pas constituer le fondement de revendications juridiques », poursuit la déclaration vaticane.
Le document du Conseil « Famille et Société » de la Conférence épiscopale indique ensuite que « les pratiques homosexuelles ont évolué et que l’aspiration à vivre une relation affective stable se rencontre plus fréquemment aujourd’hui » et qu’il faut « prendre au sérieux les aspirations de celles et ceux qui souhaitent s’engager dans un lien stable ».
D’abord, il faut signaler que les rédacteurs prennent pour argent comptant une allégation dont le lobby homosexuel use pour justifier ses revendications et qui est fausse : les statistiques prouvent que, sauf rares exceptions, le vagabondage sexuel et la multiplicité de partenaires est la norme parmi les personnes homosexuelles.
Même en admettant argumentandi gratiae la réalité de ces aspirations à s’engager dans un lien stable, cela ne justifierait nullement la suite du discours :
« L’Église, dans le domaine qui lui est propre, entend cette demande de la part des personnes homosexuelles et peut chercher une réponse » à ce désir « d’une solidarité qui dépasse la réduction de la relation homosexuelle à un simple engagement érotique ».
Et quelle est cette réponse ? « L’Église catholique appelle les fidèles à vivre une telle relation dans la chasteté, mais elle reconnaît, au-delà du seul aspect sexuel, la valeur de la solidarité, de l’attention et du souci de l’autre qui peuvent se manifester dans une relation affective durable ».
La formulation de ces deux passages apparaît comme soigneusement flottante : elle condamne en principe les relations sexuelles entre personnes de même sexe et lance un appel théorique à la chasteté, tout en insinuant qu’une relation affective stable représenterait un moindre mal, au sein de ces relations homosexuelles.
Entre les maux du vagabondage sexuel égoïste ou d’une relation stable solidaire, faudrait-il donc préférer ce dernier ?
Devrait-on considérer que, pour une personne homosexuelle, il est préférable de vivre en cohabitation, permanente occasion de péché ?
Un tel discours ne revient-il pas à induire en erreur les personnes homosexuelles, leur entourage et les fidèles en général en leur laissant imaginer que, tous comptes faits, les relations homosexuelles ne sont plus considérées par l’Église comme peccamineuses ? Les évêques auteurs du texte, se rappellent-ils que la Révélation divine qualifie de telles relations comme des « dépravations graves » ?
Il y a pire. Ces formulations servent à justifier le Pacs comme un moindre mal, mentionné dans le document en des termes neutres, voire favorables (ses avantages fiscaux et sociaux).
Le document fait un pas de plus en affirmant que le Pacs n’est pas suffisant parce que « les personnes homosexuelles réclament aujourd’hui aussi une forme d’union plus solennelle, dotée d’un véritable poids symbolique et ne pouvant être rompue sans procédure ni indemnité ». Ce qui les amène à réclamer qu’on leur octroie les caractéristiques du mariage et les conséquences afférentes à ce dernier.
Le document du Conseil « Famille et Société » récuse la réclamation du lobby homosexuel moyennant des arguments pertinents et justes, puisque selon lui la revendication homosexuelle résulte du discours égalitaire dominant qui ignore délibérément la différence entre relations hétérosexuelles et relations homosexuelles au regard de la procréation. En outre ce discours dominant laisse entendre qu’il est incongru d’établir le lien entre conjugalité et procréation concernant la filiation et la vie en société.
Sur ces deux fondements – anthropologiques et juridiques – le document des évêques conclut que le mariage ne peut être une formule appropriée pour recevoir les revendications des personnes homosexuelles et des familles dites homoparentales.
Mais le Conseil « Famille et Société » de la C.E.F. ajoute qu’il appartient au pouvoir politique « d’entendre la demande d’un certain nombre de personnes homosexuelles de bénéficier d’un cadre juridique solennel pour inscrire une relation affective dans le temps ».
Dix pages de commentaires peu clairs en arrivent ainsi à la même revendication exprimée de façon plus franche par Mgr Daucourt : en lieu et place du mariage, on pourrait s’accorder à faire bénéficier les homosexuels d’un « Pacs amélioré ».
« Une solution originale qui fasse droit à la demande de reconnaissance » des couples homosexuels !
Le 2 mars 1998, le Conseil permanent de la Conférence des Évêques de France avait diffusé une déclaration intitulée « Le Pacs : une loi inutile et dangereuse ». À présent un organe de cette même Conférence diffuse à tous les diocèses de France un document de travail expliquant que le Pacs est insuffisant et qu’il faut l’améliorer !
Sitôt dit, sitôt fait. Nombre d’évêques dont on peut supposer qu’ils partagent les opinions du Conseil « Famille et Société » en ont fait la promotion dans leurs diocèses, isolément ou de façon collective, comme les dix évêques de l’Ouest réunis autour de Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, qui ont invité « les catholiques de [leurs] diocèses et les personnes qui veulent réfléchir sereinement sur cette question, à se saisir de ce document et à le travailler ».
D’autres sont allés plus loin et ont parfois agrandi la brèche ouverte par le document.
Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, l’a fait dans un style court et précis :
« Des mesures politiques de reconnaissance d’unions de fait peuvent se comprendre, mais le mariage n’est pas un contrat ».
Mgr Michel Pansard, évêque de Chartres, a interrogé :
« De quelle reconnaissance parle-t-on ? S’agit-il d’une acceptation, refusant toute discrimination et apportant aux personnes des protections juridiques, patrimoniales et fiscales ? », ajoutant en note : « cf. le PACS, Pacte Civil de Solidarité. Contrat conclu entre deux personnes majeures, de sexe différent ou de même sexe, pour organiser leur vie commune ».
Mgr Daucourt est revenu sur son idée le 24 octobre 2012, dans une lettre à ses ouailles :
« Nous refusons qu’il [l’État] institutionnalise comme mariage une vie ensemble de deux personnes du même sexe, mais nous reconnaissons qu’il peut donner des droits à des personnes désirant vivre ensemble (le Pacs est un contrat, pas une institution) ».
Mgr Bruno Grua, évêque de Saint-Flour, y a ajouté une pique contre l’Église, désignée par le « nous » ci-dessous :
« Il est vrai que nous n’avons pas su, dans le passé, éviter des stigmatisations scandaleuses. Les personnes homosexuelles ont souffert et l’on peut comprendre leurs revendicationsd’aujourd’hui. Mais est-ce vraiment respecter leur différence, nous n’avons pas à les juger, que les faire entrer dans le cadre institutionnel du mariage qui n’a pas été pensé pour elles ? Parler de mariage pour tous ne me paraît pas respecter les personnes homosexuelles. Le vrai respect ne consisterait-il pas à reconnaître des situations différentes, éventuellement sanctionnées dans des institutions différentes ? »
Un « Pacs amélioré » : un moindre mal ?
Les Évêques ne peuvent alléguer qu’il s’agit d’accepter un moindre mal (le Pacs) pour empêcher un mal plus grave (le pseudo-mariage homosexuel)... Suite
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Pour Mgr François Fonlupt, évêque de Rodez :
« Il ne s’agit pas de nier les demandes qui se font jour, et de refuser qu’une place soit reconnue et faite à chacun. Mais il s’agit aussi de s’interroger sur la manière d’entendre ces demandes et de les honorer sans faire pour autant l’impasse sur les différences. (…) Ce que nous voulons et devons tenir dans le débat, c’est à la fois la prise en compte des personnes et de leur demande et le souci de chercher une réponse qui soit juste pour la société ».
Mgr Philippe Gueneley, évêque de Langres, est ouvert au produit pourvu qu’on change l’étiquette :
« S’il s’agit de prendre en considération l’amour qui unit deux femmes et l’amour qui unit deux hommes, il n’y a aucune nécessité légale à appeler cette situation un mariage. Il faut trouver un autre terme ».
Mgr Jacques Blaquart, évêque d’Orléans, va dans le même sens :
« L’homosexualité est un fait, une réalité. Beaucoup de personnes homosexuelles souffrent d’être rejetées, méprisées. Elles ont droit au respect, à la reconnaissance de ce qu’elles sont et vivent. Mais pourquoi vouloir donner le nom de mariage à une autre réalité que celle qui est constitutive de notre humanité, le couple homme-femme dont seule l’union peut donner la vie ? Il est normal qu’un État reconnaisse et précise les droits de personnes vivant en communauté de vie sous un même toit. »
Selon l’archevêque de Bourges, Mgr Armand Maillard :
« Le Pacs pour la loi française est loin d’être une alternative au mariage : c’est un contrat, le mariage est une institution. (…) Notre société est invitée à chercher une solution originale qui fasse droit à la demande de reconnaissance des personnes homosexuelles sans remettre en cause les fondements anthropologiques de la société ».
Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint-Claude, s’interroge à son tour :
« S’il n’est question que d’apporter des aménagements aux droits de couples homosexuels – qui en tout état de cause représentent une minorité – le Pacs ne suffit-il pas? »
Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen, et ses cinq évêques suffragants de Normandie, ont insinué la même idée dès le premier paragraphe de leur déclaration du 9 octobre dernier :
« Pour répondre à la demande de personnes homosexuelles, les responsables politiques de notre pays envisagent de réviser la législation concernant le mariage civil et l’adoption des enfants. Il appartient au pouvoir politique d’entendre cette demande. Néanmoins, nous affirmons qu’il serait hasardeux et dangereux de modifier le Code civil sur ce sujet ».
Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle, a opté pour citer la conclusion du document des évêques du Conseil « Famille et Société » :
« Une évolution du droit de la famille est toujours possible. (…) La France s’honorerait à instaurer un vrai débat de société et à chercher une solution originale qui fasse droit à la demande de reconnaissance des personnes homosexuelles sans pour autant porter atteinte aux fondements anthropologiques de la société »
Croyez-vous avoir tout vu, tout entendu ? Détrompez-vous !
Pour le vice-président de la Conférence épiscopale, le rejet du Pacs a été « une erreur d’appréciation », en 1998
Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont-Ferrand et vice-président de la Conférence épiscopale va jusqu’à regretter la mobilisation de l’Église contre le Pacs en 1998-1999 !
Asseyez-vous avant de lire ce morceau d’anthologie dans un éditorial du 8 octobre dernier publié sur le site de son archidiocèse :
« Il convient aussi d’éviter le tout ou rien qui caractérise trop souvent les débats dans notre pays. Il me paraît nécessaire d’entendre ce qu’il peut y avoir de légitime dans la volonté de protéger les droits des enfants qui sont, de fait, élevés par un couple de personnes de même sexe. Il doit être possible de garantir à ceux-ci le droit d’être pris en charge et élevés par des tuteurs légaux, sans entrer dans les catégories de la filiation.
« Ce qui conduirait donc à une adaptation partielle des dispositions du Pacs. À cet égard, les gens qui se sont précipités, en 1998, contre le Pacs, ont peut-être commis une erreur d’appréciation. Il faut d’abord observer que ce combat a été perdu, et que le Pacs a été institué. Il eût sans doute été de meilleure pédagogie de prendre au mot les demandeurs et de dire : Vous réclamez le Pacs. Vous avez raison.C’est un contrat qui concerne la défense des intérêts de deux personnes majeures. Mais ce n’est pas une institution. La différence, en effet, c’est que le mariage est une institution parce qu’il est fait d’abord pour protéger la filiation, et donc l’identité des tiers potentiels qu’il peut donner, c’est-à-dire les enfants.
« En refusant le Pacs parce qu’il pouvait conduire au mariage, on a entretenu la confusion entre contrat et institution. Et l’on se prive aujourd’hui de pouvoir dire : Vous avez le Pacs et cela doit suffire, sous réserve d’adaptation. Ce qui serait pourtant le chemin de la sagesse et garantirait la valeur du mariage. »
Le chemin de la sagesse ? La déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur les unions civiles et autres pacs mentionnée plus haut affirme de la façon la plus péremptoire que :
« les législations favorables aux unions homosexuelles sont contraires à la droite raison, car elles confèrent des garanties juridiques, analogues à celles de l’institution matrimoniale, à l’union entre deux personnes du même sexe ».
Aggraver le Pacs ne sera jamais une proposition sage ni moralement recevable pour la morale catholique. Un motif bon (arrêter le « mariage pour tous ») n’enlève jamais sa malice à une action mauvaise (l’acte irrationnel et injuste d’accorder davantage des droits aux couples homosexuels), car la fin ne justifie pas les moyens.
En plus, cette proposition représente une victoire différée de Mgr Gaillot qui écrivait en mars 1999 sur le site de son « diocèse virtuel » de Partenia :
« Le Pacs ne se réfère pas à des principes. Il est pragmatique. Il part des situations vécues par des femmes et des hommes pour donner des droits égaux à tous les couples. Nous ne devrions pas le regarder comme une menace pour le mariage » (trad. à partir de l’anglais).
Cette proposition moralement irrecevable compromet gravement le succès de la résistance à un moment décisif
Ces considérations nous placent devant une situation gravissime. Si un grand nombre d’évêques, par conviction ou par tactique, reprennent à leur compte ce que Mgr Simon regrette qu’on n’ait pas fait, alors se produira un décalage sans précédent entre la masse des fidèles et leurs pasteurs, les uns acceptant de suivre la politique toujours vouée à l’échec du « céder pour ne pas tout perdre », les autres voulant avec raison continuer la lutte sans aucune concession au lobby homosexuel et à son idéologie du genre.
Cette fragmentation des troupes mettrait en péril le succès final d’une mobilisation contre le pseudo-« mariage » homosexuel et l’éventuel échec en retomberait sur les épaules de l’épiscopat français qui n’aurait su s’unir dans une stratégie conquérante et en phase avec les sentiments des fidèles…
Anthropologues, juristes, psychiatres… mais surtout évêques !
Cette incompréhensible transgression sur le fond se double d’un repli sur la forme, qui consiste à priver le débat de sa dimension morale et religieuse au motif que le bouleversement du mariage est une question anthropologique qui intéresse tout le monde et non seulement l’ensemble des chrétiens et leurs représentants.
C’est une cause de préoccupation aiguë au moment où l’on assiste aux ultimes coups de boutoir de la révolution culturelle contre l’institution familiale. Si cette révolution ne trouve pas en travers de sa route une opposition énergique, ne resteront que des ruines de la Civilisation chrétienne, et aucune prévision ne sera assez pessimiste pour décrire ce que sera l’avenir de notre pays de très ancienne tradition chrétienne.
L’évêque de Saint-Denis, Mgr Pascal Delannoy, a reconnu que « beaucoup de catholiques attendent un éclairage sur cette question afin de mieux comprendre ce qui est en jeu et d’exprimer avec pertinence leurs convictions ».
Dans ces conditions, la première obligation des évêques en tant que Pasteurs du troupeau est effectivement d’éclairer les consciences des catholiques, ébranlées par la « dictature du relativisme », ses idéologies fumeuses et son matraquage médiatique. Cet éclairage doit être opéré en abordant la problématique à partir des données de la Révélation, et en y ajoutant les données humaines. Jamais le contraire.
Cette obligation des évêques d’éclairer les consciences à la lumière de la Foi s’étend aussi aux non-pratiquants, aux croyants d’autres religions et même aux non-croyants.
Mgr François Jacolin a trouvé les mots justes pour le dire : « L’Évangile est destiné à tout homme et il concerne tout homme. C’est pourquoi l’Église se doit d’intervenir aujourd’hui dans le débat à propos de l’élargissement du mariage à des personnes de même sexe. (…) Je crois que la lumière de l’Évangile et les lumières de la raison humaine se rejoignent ici pour faire barrage aux fausses générosités et aux vraies lâchetés d’un monde sans boussole. (…) Le Christ est la Lumière des nations, tels sont les premiers mots de la constitution conciliaire sur l’Église ».
Le cardinal Barbarin ne dit pas autre chose dans son interview du 14 août dernier au Figaro :
« On a reproché à l’Église son silence en d’autres temps. Mais si sa mission première est la prière, et j’espère qu’elle s’en acquitte fidèlement, elle doit parler quels que soient les courants qui traversent l’opinion publique. C’est la dernière consigne que Jésus nous a laissée avant de nous quitter et de nous promettre la force de l’Esprit Saint : Vous serez mes témoins… jusqu’aux extrémités de la Terre ! »
Même son de cloche chez Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne :
« La communauté catholique est aujourd’hui appelée à porter la Bonne Nouvelle d’une manière aussi décisive que dans les premiers temps. Cela demande du courage aux évêques, mais aussi – et peut-être plus – à chaque famille ».
Or il est désolant de constater que, dans les 85 déclarations épiscopales concernant le projet de « mariage pour tous », sauf quelques références – d’ailleurs rares – à la première page de la Genèse (« Homme et femme Il les créa »), il n’y a RIEN, ABSOLUMENT RIEN de religieux dans l’argumentaire des évêques français !
Bien au contraire, la plupart d’entre eux ont le souci manifeste de faire remarquer qu’ils s’expriment en des termes strictement humains.
« De toute cette réflexion, a déclaré Mgr Jean-Louis Cattenoz, je n’ai pas eu besoin de m’appuyer sur l’enseignement de l’Église, mais sur les réalités de l’humanité. C’est au nom de ce principe qu’avec de nombreux humanistes nous demandons un large débat ». « C’est en tant que citoyens que le cardinal Vingt-Trois et les évêques prennent la parole », a-t-il ajouté.
« Convoquons à la discussion des psychiatres et des psychologues, des philosophes, des universitaires, évitons simplement les pseudo-scientifiques », déclare à son tour Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry.
« L’Église ne réagit pas d’abord pour des raisons religieuses, mais pour des raisons d’ordre anthropologiques », confirme Mgr Yves Le Sault, évêque du Mans.
Ce manque étourdissant de références bibliques se double parfois de citations du Grand Rabbin Gilles Bernheim, des déclarations de Mohammed Moussaoui, président du Conseil Français du Culte Musulman en France, ou de références à la Convention des Droits de l’Enfance de l’ONU. Et cela, sans que jamais ne soient transcrits un seul passage d’encyclique, ni un seul mot de Benoît XVI ou de Jean Paul II, qui ont pourtant parlé à plusieurs reprises contre les législations de reconnaissance des unions homosexuelles.
On convient avec Mgr Dominique Rey, qu’« il y a une argumentation rationnelle à développerà côté des fondements bibliques et théologiques, pour rappeler les grands principes d’humanité ».
Mais, si c’est une argumentation à côté, il faut bien que l’argumentation centrale porte sur la morale, tant celle issue du droit naturel inscrit par Dieu dans le coeur de chaque homme que celle découlant de la Révélation. Et ici, il faut bien reconnaître que c’est l’argumentation juridique, anthropologique, psychologique, etc. – qui a occupé presque toute la place.
Faut-il rappeler aux successeurs des Apôtres les paroles que le Divin Maître a adressées à ceux-ci : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi salera-t-on ? » Nous ne comprenons pas que les références religieuses passent si radicalement à la trappe lorsqu’il s’agit avant tout de défendre les principes fondamentaux de la Civilisation chrétienne.
Dans son Message aux Catholiques des Hauts-de-Seine, Mgr Daucourt affirmait comme pour s’excuser de se prononcer :
« À plusieurs reprises je vous ai dit ou écrit que si nous voulons participer à ce genre de débat, ce n’est pas pour défendre les convictions de l’Église Catholique, que nous ne voulons imposer à personne, mais parce que nous croyons que ces convictions sont vraiment au service de l’homme et de la société ».
D’où son langage soigneusement laïc, comme celui de l’immense majorité des évêques lorsqu’ils doivent se prononcer sur les questions de société. Or, ceux d’en face n’ont pas la même pudeur et veulent non seulement formater la société selon leur idéologie, celles du « genre » ou des « droits de l’homme », par exemple, mais aussi bourrer le crâne de nos enfants et petits-enfants à travers les programmes d’éducation.
De là, un déséquilibre dans l’espace public ; les principaux postes de direction sont occupés par les coryphées de la « modernité » ; et, en face d’eux, les responsables religieux ont tellement « intégré » la laïcité et le multiculturalisme qu’ils osent seulement parler en termes purement humains, bien qu’eux-mêmes soient les représentants de Dieu.
La main tendue au laïcisme, une stratégie qui a échoué
Les leaders religieux du catholicisme français semblent encore marqués par l’idéologie démocrate-chrétienne des années 1930... Suite |
Les catholiques de la base ne sont pas du même avis. Ils voudraient voir les représentants de leur camp monter aussi au créneau au nom de leur Foi. Ne sommes-nous pas les disciples d’un Maître qui nous a commandé de ne pas mettre la lampe sous le boisseau et qui nous a envoyés prêcher sur les toits ? Quelle meilleure occasion de prêcher la beauté de la Loi de Dieu que lorsqu’il s’agit de défendre la morale familiale face à des lobbies qui mettent sur un pied d’égalité mariage et union basée sur des relations intrinsèquement désordonnées ?
N’est-ce pas en partie la pusillanimité pastorale qui rend le message inaudible ?
Les catholiques de la base voudraient une Église décomplexée qui n’hésite pas à entrer dans la mêlée des convictions et à défendre d’une voix forte les valeurs chrétiennes.
Fille aînée de l’Église, relève-toi !
Si les évêques persistent à offrir au Gouvernement et au lobby homosexuel un « Pacs amélioré » comme alternative au « mariage pour tous », ils ne feront qu’élargir le fossé entre eux et les fidèles. Déçus, certains seront tentés de déposer les armes et de laisser se perdre dans les sables le raz-de-marée si salutaire qui montait. Au lieu de la trompette qui réveille et appelle à la lutte, les grands noms de l’épiscopat français auront été alors la voix qui endort et la main qui éteint dans un conformisme déçu et désabusé.
Au contraire, si l’épiscopat français s’unit autour d’une stratégie conquérante qui manifeste la totale opposition de l’Église à n’importe quelle consécration juridique de relations homosexuelles (des relations que la Bible considère comme une dépravation grave, il faut bien le rappeler), alors le chemin du redressement s’ouvrira pour la France.
Mais cela n’arrivera que si les évêques s’efforcent d’éclairer les consciences par les arguments moraux et religieux dont ils ne manquent pas et qui seuls sont capables de réveiller la cathédrale engloutie de la Foi qui dort au fond de l’âme de centaines de milliers de nos concitoyens.
De lutte en lutte, de victoire en victoire, s’accompliront enfin les paroles prophétiques prononcées en novembre 1911 par Saint Pie X, en plein dans le combat titanesque qui l’opposait aux mesures anticléricales du gouvernement français :
« Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims, se repentira et retournera à sa première vocation… Les fautes ne resteront pas impunies mais elle ne périra jamais, la Fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes.
« Un jour viendra et nous espérons qu’il n’est pas éloigné où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra la voix qui lui répètera : Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ? Et sur sa réponse : Qui es-tu, Seigneur ? la Voix répliquera : Je suis Jésus que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-même.
« Et elle, frémissante et étonnée, dira : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Et Lui : Lève-toi, lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, mon Nom devant tous les peuples et tous les rois de la Terre. »
Excellences, n’ayez pas peur ! « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8, 31).
Paris, 8 décembre 2012, fête de l’Immaculée conception
Une « Manif pour Tous » où la présence des catholiques était permise… à condition de ne pas professer leur foi dans le Catéchisme !
Personne n’est assez dupe pour croire que 200 000 personnes ont défilé en France parce qu’un beau jour un homosexuel athée (Xavier Bongibault), une militante de gauche (Laurence Tcheng) et une « catholique déjantée » (la parodiste Virginie Merle, alias Frigide Barjot, sic !) se seraient rencontrés dans un bistrot de la capitale. Ou parce que ce trio aurait décidé d’organiser une manifestation ouverte à tous, au nom de trois associations parfaitement inconnues un mois avant: Plus Gay sans mariage, La Gauche Pour le Mariage Républicain et L’Humanité Durable.
Le ralliement à ce petit noyau d’un juif laïc (Lionel Lumbroso, de David & Eugenia) et d’un musulman modéré (Camel Bechikh, de Fils de France) n’aurait pas ajouté grand monde au rendez-vous.
C’est bien parce que des réseaux catholiques (notamment les AFC et Alliance Vita) se sont joints au collectif – et surtout parce que ce dernier a reçu le soutien des paroisses, encouragées plus ou moins discrètement par les évêques – qu’un tsunami de marcheurs a défilé sur le pavé d’une dizaine de villes en France.
L’épiscopat s’étant résigné à laisser les troupes descendre dans la rue, au risque d’irriter contre l’Église le Gouvernement et le lobby homosexuel, plusieurs évêques ont demandé aux fidèles d’exercer leur discernement avant de descendre dans la rue. « Avant de choisir d’y participer ou non, vérifions l’esprit et les buts des organisateurs et associations participantes, ainsi que le style prévu pour la manifestation. Il ne suffit pas que soit utilisé le qualificatif chrétien ou catholique pour que nous fassions confiance », a recommandé Mgr Daucourt. « Qu’ils étudient les propositions de leurs organisateurs, les thèmes mobilisateurs retenus et choisissent celles qui correspondent le mieux à leur propre approche » a ajouté le cardinal Jean-Pierre Ricard.
Au vu de ce qui suit, on a le droit de penser que les AFC et Alliance Vita (ainsi que les évêques qui les ont soutenues dans leur démarche) auraient été plus avisés de lancer une initiative à eux, plutôt que se rallier au trio de la « Manif pour tous » qui avait dès le départ des objectifs manifestement contraires à la droite conscience d’un chrétien.
En voici les preuves :
1) Le tract officiel de la « Marche pour Tous » s’était déclaré sans ambiguïté en faveur d’une « amélioration » du Pacs.
« Soutenons la norme paritaire de la famille, dit-il, et favorisons la cohésion sociale : Ce n’est pas oublier pour autant les personnes homosexuelles, dont les revendications pourraient être satisfaites par une amélioration fiscale et institutionnelle du Pacs ».
Lors d’un débat sur France 3, Mme Merle, porte-parole du collectif, avait déclaré ceci : « En Belgique, il n’y a pas le même type de mariage. C’est un Pacs amélioré, si vous voulez. Si on nous propose aujourd’hui en France une loi qui soit ce qu’a été le Pacs en 1999, c’est-à-dire on fait une union plus enrichie pour les homosexuels, ce que je comprends parfaitement… Parce qu’aujourd’hui il y a des discriminations, il y a des différences, il y a des injustices, notamment pour les familles homoparentales, ce que je ne remets pas du tout en cause. C’est une exception. Et c’est une exception qui doit être amenée au mieux disant juridique, mais sans changer par rapport à la norme des autres familles ».
En janvier 1999, les adhérents des AFC et de l’Alliance pour les droits de la vie (ancêtre d’Alliance Vita) qui ont défilé dans la marche « Génération Anti-Pacs » auraient jugé invraisemblable que leurs dirigeants, à peine 13 ans plus tard, approuvent officiellement un « Pacs amélioré » ! À cette époque, on scandait « En mariée t’es belle, en pacsée t’es poubelle ». Ces militants sont-ils devenus favorables à une « Poubelle améliorée » ?
2) Le tract officiel ne condamne jamais les relations homosexuelles, mais légitime au contraire la cohabitation homosexuelle en affirmant que le Pacs est un cadre juridique approprié pour satisfaire les revendications des personnes homosexuelles.
« L’amour homosexuel, déclarent les trois initiateurs du collectif dans une collaboration parue dans Le Figaro, est une réalité de notre société, aujourd’hui reconnue par le Pacset le droit positif qui offrent les garanties juridiques, sociales et patrimoniales nécessaires à son libre exercice privé ».
Par ailleurs, le porte-parole officiel de la « Manif pour Tous », l’humoriste Frigide Barjot, « cette fille à pédés, homophile, comme elle se décrit » (Le Monde dixit), ne cache pas son admiration pour ses collègues de profession, homosexuels notoires :
« — Hervé Vilard, Catherine Lara ou Dave : tous ces artistes qui ne cachent pas leur homosexualité, sont hostiles au mariage gay. Vous qui connaissez bien ce milieu, cela doit vous faire plaisir, mais est-ce que cela vous surprend ? »
R. « — Pas du tout. Cela me fait plaisir bien sûr, ce sont mes idoles. […] Ces artistes ont compris que la question de la filiation n’a rien à voir avec celle de l’homosexualité. Et en refusant le mariage gay, ils cultivent ce qui fait leur singularité et leur richesse : la subversion homo ! » (Direct-Matin.fr)
3) Le tract officiel décrie l’« homophobie » – « Engageons-nous avec détermination et sans homophobie » – mais ne précise pas la réalité couverte par cette épithète.
Est-ce être homophobe que rejeter les relations homosexuelles et combattre ceux qui en font la promotion ? Qu’en pense, par exemple, Xavier Bongibault, fondateur de Plus gay sans mariage et l’un des organisateurs de la marche ?
Avenir de la Culture a fait les frais de ce flou. Quelques bénévoles de l’association ont voulu se joindre à la marche avec une grande banderole reprenant exclusivement le texte du n° 2 357 du Catéchisme de l’Église catholique qui désigne les relations homosexuelles comme intrinsèquement désordonnées, mais ils se sont fait débarquer manu militari par le service d’ordre et leur banderole a été cassée.
Un des responsables de cet incident a déclaré que ce n’était pas le moment de montrer sa croix, que l’esprit de la manifestation « trans-religions » (sic ! ) excluait toute manifestation « négative » de l’Église catholique !
Bref, c’était une « Manif pour Tous » où la présence des catholiques était permise à condition de ne pas professer leur foi dans le Catéchisme de l’Église catholique… !
4) L’objectif de la « Manif pour tous » n’était pas la défense du mariage traditionnel, dans le sens chrétien du terme – cela aurait fait « ringard » semble-t-il. La manifestation était « Pour le mariage civilhomme/femme, qui fonde la famille, père, mère, enfant ».
« Cette loi réformera profondément le Code civil et le droit français », dit le tract. Et la porte-parole de renchérir : « Nous tenons à notre Code civil (...), base même de notre société ». Lors d’un débat, elle a même affirmé : « C’est un modèle qui vient du Code civil, du Code de Napoléon, et qui a été fait d’ailleurs par un homosexuel notoire, que je salue au passage, Cambacérès.»
Or, « à quoi ressemble le mariage aujourd’hui, avec le divorce facilité qui instaure une sorte de Pacs généralisé ? Peut-on toujours parler de mariage ? », s’est écrié récemment Mgr Dominique Rey dans une interview à Nouvelles de France.
Si l’on veut aller encore plus loin, il faut répéter avec Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, que « l’État est postérieur au mariage et à la famille, comme il est postérieur à la personne humaine. Voilà pourquoi il n’appartient pas à l’État, me semble-t-il, de définir ce que doivent être le mariage et la famille ».
5) Mme Taubira, Garde des Sceaux, a dit la vérité quand elle a déclaré à Ouest-France que ce projet de loi signifiait un « changement de civilisation ».
Était-ce prudent de mettre en avant, comme figure de proue de la réaction contre ce bouleversement de toute la société, une chanteuse « catho branchée, femme de la nuit » comme elle se définit en se parodiant elle-même, missionnaire autoproclamée depuis sa récente conversion et qui s’est promue « attachée de presse de Jésus » ?
Clémenceau dirait que la guerre culturelle en cours est une chose trop sérieuse pour qu’on la laisse aux humoristes !
D’autant plus que, pour échapper à l’étiquette médiatique de « catho ringard », Mme Merle a employé un langage faussement « jeune », particulièrement déplacé pour une manifestation à laquelle participaient des milliers d’enfants et d’adolescents : « Un enfant, c’est le résultat d’un orgasme d’un homme et d’une femme », a-t-elle scandé de la tribune dans son discours de démarrage.
« Il n’y a pas d’ovules dans les testicules ! » a-t-elle aussi déclamé ; c’était d’ailleurs un slogan officiel imprimé sur de nombreuses pancartes ; « Mariage gay ? Mon utérus crie non ! » avait-elle aussi déclaré à Direct-Matin.fr.
Mais c’est le Catéchisme qui n’avait pas sa place dans le cortège…
Et que dire du conseil officiel d’applaudir d’éventuels couples homosexuels qui viendraient à s’embrasser sous les yeux des manifestants ? Ou de la suggestion de Mme Merle, au cas où des militantes de Femen « en petite tenue» seraient survenues, que les manifestantes « se déshabillent aussi pour être en situation d’entamer un dialogue équitable » ?
Était-il nécessaire et digne de la part des bénévoles des AFC et d’Alliance Vita, d’aller jusque-là pour éviter de passer pour des « homophobes » ou des « ringards » ?
Pour l’invitation officielle aux manifestants à s’habiller en « bleu, blanc, rose », cela n’étonne pas de la part de deux membres du trio initiateur de la « Manif pour Tous », – l’homosexuel et la socialiste – le rose ayant été pendant des années la couleur du PS comme celle des lesbiennes et des homosexuels. « Bleu blanc rose » est aussi le nom d’une association dont l’objectif est de « faire se rencontrer des homos et lesbiennes français, allemands et des francophiles de tous horizons vivant à Berlin ».
Alliance Vita ferait donc bien de réfléchir avant d’organiser de nouvelles manifestations où les hommes s’habillent en rose, ce qui contredit l’idée d’altérité sexuelle hommes/femmes qui est pour ainsi dire devenu son principal argument contre le projet de « mariage pour tous ».
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