On estime que 2 000 personnes ont inondé le centre de Tel Aviv samedi soir pour protester contre le choix du Premier ministre Benjamin Netanyahu du président de Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, en tant que nouveau ministre de la Défense d’Israël dans le remaniement de la coalition de la semaine dernière.
Portant des drapeaux palestiniens et israéliens, les manifestants ont défilé vers le siège du parti du Likud de Tel Aviv, sur la rue King George, chantant : « Liberman [est un] raciste et un fasciste » et « Liberman est le ministre de la Guerre ».
Les manifestants brandissaient des banderoles dénonçant l’extrémisme, le racisme et la violence en Israël, ainsi que des pancartes proclamant « Juifs et Arabes refusent d’être ennemis » et « Israël, Palestine, deux Etats pour deux peuples ».
Le rassemblement, organisé par la Liste arabe unie, l’aile gauche du Meretz et l’aile gauche de l’organisation la Paix Maintenant, a eu lieu sous la revendication « Construire l’opposition : un nouveau chemin pour Israël ».
Citant des estimations de la police, les rapports des médias hébreux ont établi le nombre de manifestants à environ 2 000.
Les manifestants ont été rejoints par les membres de gauche de la Knesset, dont la leader du Meretz, Zehava Gal-on, et le président de la Liste arabe unie, Ayman Odeh.
Les manifestants protestent contre la nomination du président de Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, comme ministre de la Défense, dans le centre de Tel Aviv, le 28 mai 2016 (Crédit : autorisation Liste arabe unie)
Les manifestants protestent contre la nomination du président de Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, comme ministre de la Défense, dans le centre de Tel Aviv, le 28 mai 2016 (Crédit : autorisation Liste arabe unie)
« Il est formidable de voir des milliers de Juifs et d’Arabes qui se réunissent pour dire au gouvernement Netanyahu que Liberman, son ministre de la Défense, est illégitime », a déclaré Gal-on au site d’informations Maariv pendant la marche.
La leader du Meretz, Zehava Galon (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
La leader du Meretz, Zehava Galon (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
« L’homme le plus raciste et corrompu a reçu le portefeuille de Netanyahu pour sa propre survie politique. Maintenant, nous allons lui dire : ‘Assez, fous le camp’ « , a-t-elle attaqué.
« Nous croyons que seul un effort mixte judéo-arabe peut battre ça », a lancé Odeh. « Nous rejetons l’hypothèse que tous les Juifs haïssent les Arabes et que tous les Arabes haïssent les Juifs. Cette lutte contre le racisme doit être partagée ».
Montrant du doigt les tendances nationalistes, Odeh a déclaré que sa liste commune « installe le camp démocratique. »
Le dirigeant de la Liste arabe unie, Ayman Odeh, pendant la réunion hebdomadaire de son parti à la Knesset, le 12 octobre 2015. (Crédit : Miriam Alster / Flash90)
Le dirigeant de la Liste arabe unie, Ayman Odeh, pendant la réunion hebdomadaire de son parti à la Knesset, le 12 octobre 2015. (Crédit : Miriam Alster / Flash90)
« Liberman veut endommager la société civile, la Cour suprême, [l’organisation de gauche] Breaking the silence (Briser le silence), et plus particulièrement le secteur arabe.
« Nous sommes ensemble dans ce domaine, les Juifs et les Arabes, et nous allons le vaincre », a déclaré Odeh. « Nous allons présenter une véritable alternative qui sera en mesure de renverser le gouvernement de droite ».
Liberman, un populiste franc qui a menacé d’assassiner les dirigeants du Hamas et a appelé les législateurs arabes « des traîtres », a signé un accord portant les cinq membres de son parti Yisrael Beytenu dans la coalition, mercredi, suite à un mois de longs efforts déployés par Netanyahu pour étendre sa majorité trop mince de 61 sièges.
Son arrivée imminente en tant que ministre de la Défense a agité l’arène politique israélienne, soulevant des inquiétudes – tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Israël – que le nouveau gouvernement Netayahu se déplacera vers la droite, durcissant ses politiques envers les Palestiniens.
Les manifestants protestent contre la nomination du président de Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, comme ministre de la Défense, dans le centre de Tel Aviv, le 28 mai 2016 (Crédit : autorisation Liste arabe unie)
Les manifestants protestent contre la nomination du président de Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, comme ministre de la Défense, dans le centre de Tel Aviv, le 28 mai 2016 (Crédit : autorisation Liste arabe unie)
La nomination imminente de Liberman a également incité la démission à chaud du ministre de la Défense et ancien chef de Tsahal, Moshe Yaalon, qui, dans son discours de démission le 21 mai, a averti que des « forces extrémistes et dangereuses ont repris Israël et le mouvement du Likud et [qu’elles] déstabilisent notre foyer et menacent de nuire à ses habitants ».
Dans un commentaire rare sur la politique intérieure d’un allié des États-Unis, la semaine dernière le porte-parole du département d’Etat américain, Mark Toner, a déclaré que la nouvelle coalition de droite soulevait des « questions légitimes » au sujet de l’engagement du gouvernement dans une solution à deux Etats. Toner a déclaré que Washington avait « vu des rapports en provenance d’Israël décrivant cette coalition comme étant la plus à droite de l’histoire d’Israël ».
Un haut responsable palestinien a déclaré qu’un Liberman devenu ministre de la Défense d’Israël représentait une « menace réelle » pour la stabilité régionale, et a dit que sa nomination entraînerait « l’apartheid, le racisme et l’extrémisme religieux et politique ».
Dans un effort pour apaiser les inquiétudes sur sa nomination, Liberman a promis d’agir d’une manière « responsable » pendant son mandat. Lors d’une conférence de presse conjointe, mercredi, avec Netanyahu, le nouveau ministre de la Défense a promis de s’engager pour « la paix et pour un accord de statut final, et pour la compréhension entre nous et nos voisins ».