La tentative de putsch par des membres de l’armée turqueservira à approfondir les relations récemment restaurées avec Israël, a déclaré à la Deuxième chaîne israélienne un conseiller important du président Recep Tayyip Erdogan.
Des craintes sécuritaires mutuelles agiront comme une incitation à renforcer l’accord de réconciliation entre Jérusalem et Ankara qui a été signé le mois dernier, a déclaré Ilnur Cevik pendant un entretien diffusé mercredi soir.
« Cela pourrait accélérer le processus de normalisation », a déclaré Cevik à la chaîne israélienne pendant une rencontre au palais présidentiel d’Ankara. L’interview a eu lieu dans le jardin du palais pour des raisons de sécurité, a précisé Cevik.
« Nous pensons qu’Israël nous a toujours aidés dans la collecte de renseignements. Nous avons besoin de cela dans notre combat contre Daesh », a-t-il déclaré, en utilisant l’acronyme arabe de l’Etat islamique (EI). « Nous avons besoin de cela pour remettre de l’ordre en Syrie. »
L’Etat juif, a affirmé le conseiller, « commence également à voir les dangers de Daesh. »
Il a précisé que la Turquie s’attendait à recevoir des informations d’Israël sur l’EI.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche) et l'ancien président turc Abdullah Gul (au centre) pendant les funérailles d'une victime de la tentative de coup d'Etat, à Istanbul, le 17 juillet 2016. (Crédit : AFP/Bulent Kilic)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche) et l’ancien président turc Abdullah Gul (au centre) pendant les funérailles d’une victime de la tentative de coup d’Etat, à Istanbul, le 17 juillet 2016. (Crédit : AFP/Bulent Kilic)
Comme Erdogan, Cevik a également déclaré que le peuple turc avait joué un rôle important en résistant aux responsables de la tentative de coup d’Etat. Il a rappelé être arrivé au palais vendredi soir, alors que la rébellion était déjà en cours, et qu’une grande foule de civils défendait le complexe.
Il a souligné n’avoir aucun doute sur la culpabilité des comploteurs, et a suggéré qu’Israël aurait eu une réponse similaire aux arrestations massives par Erdogan de responsables de la justice, de la sécurité, et même de l’éducation. Ces emprisonnements ont fait sourciller toute la communauté internationale, alors même que les alliés occidentaux d’Erdogan saluaient le triomphe de l’Etat de droit et de la démocratie.
« Pour l’amour de Dieu, pensez à cela en Israël, un groupe de policiers, de juges, qui se rend simplement au Mossad [l’agence de renseignements intérieurs] et essaie de capturer le directeur du Mossad, a déclaré Cevik. Enfin, c’est incroyable. C’est un coup d’Etat. »
Dignitaire religieux turc et opposant au régime d'Erdogan, Fethullah Gülen dément depuis sa résidence de Pennsylvanie (Etats-Unis) son implication dans la tentative de coup d'Etat en Turquie, le 18 juillet 2016. (Crédit : AFP/Thomas Urbain)
Dignitaire religieux turc et opposant au régime d’Erdogan, Fethullah Gülen dément depuis sa résidence de Pennsylvanie (Etats-Unis) son implication dans la tentative de coup d’Etat en Turquie, le 18 juillet 2016. (Crédit : AFP/Thomas Urbain)
Cevik a également eu des paroles sévères pour les Etats-Unis, qui ont pris une position prudente sur la demande d’extradition par la Turquie d’un adversaire de longue date d’Erdogan, le religieux Fethullah Gülen, qui est actuellement en Pennsylvanie, et que la Turquie accuse d’avoir fomenté le coup.
« Les Etats-Unis ont besoin de nous comme nous avons besoin des Etats-Unis », a-t-il déclaré au sujet de l’OTAN, qui utilise la Turquie comme point de relais pour les attaques contre les combattants de l’EI en Syrie et en Irak. « Les Etats-Unis doivent s’assoir et réfléchir de manière lucide, très lucide. »
Le président Barack Obama « doit réfléchir de manière très lucide, a-t-il continué. La Turquie demande l’extradition de cet homme. »