Des millions de personnes souffrent d’un manque de protéines, ce qui est particulièrement dangereux pour les enfants – et avec la population mondiale qui devrait croître de manière significative dans les années à venir, l’humanité aura besoin de davantage de sources de protéines à moindres coûts.
Le problème est résolu, a estimé Dror Tamir. Selon Tamir, son entreprise peut fournir une source alternative, saine et pas chère, de protéines pour les millions d’enfants qui manquent d’autres sources de proteines. Son plan permettra, d’après lui, d’améliorer leur santé, de donner à leurs familles une sécurité alimentaire et de l’emploi, et de protéger l’environnement.
Comment ? Avec des insectes. « Nous travaillons sur des insectes comestibles pour les humains », a déclaré Tamir.
Sa société, Steak TzarTzar – qui signifie criquet –, qu’il a fondé avec Ben Friedman et Chanan Aviv, vise à être la première à élever des insectes comestibles, en utilisant des méthodes high-tech pour les développer rapidement d’une manière organisée, dans des conditions sanitaires.
Dans un monde où les protéines manquent déjà – et seront encore plus difficile à trouver quand la population mondiale passera à 9 milliards en 2050 –, les insectes, et en particulier les sauterelles, sont une source sous-exploitée.
Selon Tamir, les sauterelles sont non seulement plus saines que la plupart des sources de protéines, mais également moins coûteuses et plus respectueuses de l’environnement.
Sans un nombre suffisant de protéines, les dangers pour la santé sont nombreux. Le manque de protéines peut nuire au développement des enfants, endommager leur système immunitaire, et réduire leur espérance de vie.
Déjà, les bovins ne sont plus une source viable de protéines pour la plupart des gens parce qu’ils sont trop coûteux et nocifs pour l’environnement – et la disponibilité des protéines animales va continuer à diminuer tandis que la population mondiale augmente et le réchauffement climatique rend l’agriculture dans les climats tempérés plus difficile.
Une autre alternative de protéines n’est pas pratique non plus. Le saumon génétiquement modifié a été rejeté par le marché, a précisé, et le premier hamburger artificiellement fabriqué dans le monde coûte environ 330 000 dollars à la production.
« Nous voulions une source de protéines de substitution et avons constaté que les insectes sont la solution la plus simple », a déclaré Tamir.
Environ 2,5 milliards de personnes consomment déjà des insectes, et il y a environ 1 900 espèces d’insectes comestibles. Steak TzarTzar élèvera différentes espèces de sauterelles, « l’un des insectes les plus comestibles », selon Tamir.
La société se concentrera d’abord sur l’Afrique de l’Est, où les sauterelles sont considérées comme des mets, mais qui sont deux fois plus chers que les bovins. Elles ne sont disponibles que pendant quatre à six semaines de l’année et doivent être prélevées dans la nature, a-t-il expliqué.
Les sauterelles sont moins chères à élever et se développent plus rapidement que les bovins. L’objectif de la société est de fournir ses insectes pendant toute l’année à un prix abordable.
Les sauterelles sont difficiles en ce qui concerne la nourriture qu’elles mangent, a souligné Tamir. Elles mangent des aliments sains, ce qui les rend saines à manger. Elles sont composées à environ 70 % de protéines, 20 % de fibres, et à 5-7 % de graisses. Elles contiennent des protéines entières, des graisses saines, des vitamines et des minéraux.
« C’est un vrai ‘superaliment’. Il n’y a rien qui lui ressemble », a déclaré Tamir.
Steak TzarTzar voit un énorme potentiel commercial dans cette nouvelle industrie. Il prévoit d’extraire les nutriments et les poudres de protéines pour les vendre dans le monde occidental, et voit les 2,5 milliards de personnes qui consomment actuellement des insectes comme un marché déjà familiarisé avec le produit.
Le programme pourrait aider les régions pauvres en leur offrant des possibilités d’emploi et une source de nourriture stable. Ils ont l’intention de mettre en place des fermes communautaires pour les petits villages. Les agriculteurs pourraient vendre ou exporter leur surplus.
Convaincre le monde occidental d’essayer ce produit sera un défi, a admis Tamir. La société prévoit de commencer par la commercialisation des dérivés de poudres de protéines de sauterelles aux athlètes, qui sont souvent les premiers à adopter de nouveaux produits de nutrition.
Tamir, lui-même détenteur du record d’Israël en athlétisme, a évoqué la scène du film Rocky où Rocky Balboa avale des œufs crus pour le petit déjeuner.
« Est-ce pire ou meilleur ? », s’est-il interrogé.
Steak TzarTzar gère actuellement une installation dans le Nord d’Israël où il élève huit espèces de sauterelles israéliennes. Tout est fait pour empêcher les maladies et pour que les insectes restent loin des espèces toxiques.
L’entreprise espère avoir sa première exploitation agricole commerciale à la fin de l’année 2016 et a déjà un accord avec le gouvernement kenyan pour mettre en place une batterie de test là-bas, a indiqué Tamir. En outre, Steak TzarTzar sont en négociations avec des partenaires potentiels en Malaisie, à Abu Dhabi, en France, au Cameroun et aux Etats-Unis.
Certains s’intéressent au développement de fermes et certains sont intéressés à vendre des poudres de protéines – qui sont produites en congelant et en broyant des sauterelles, a expliqué Tamir.
Steak TzarTzar est confronté à des défis importants. Tamir se rend compte que la commercialisation d’insectes comestibles sur le marché occidental sera coûteuse, et que les fermes nécessiteront un haut niveau d’expertise, de technologie et beaucoup d’énergie, ce qui peut être difficile à obtenir en Afrique.
Il reste toutefois optimiste : « C’est une solution simple qui peut aider dans beaucoup de domaines. Nous pouvons avoir un impact énorme sur la vie de millions [de personnes]. »
La société a organisé une « une soirée dégustation » il y a deux semaines. Ils ont servi des sauterelles grillées à la ougandaise à une foule de partenaires et d’investisseurs potentiels, qui, a affirmé Tamir, ont réellement apprécié le dîner.
« C’est difficile de vous convaincre d’essayer de manger des insectes », a expliqué Tamir, mais « ils ont le même goût que le rouget, un plat très populaire en Israël ».
Est-ce que les Israéliens se laisseront tenter par les sauterelles ? On ne peut pas le prédire, mais Tamir a indiqué que la société a déjà résolu une question qui posera problème à certains Israéliens. « Nos variétés de sauterelles sont casher, basé sur la tradition des Juifs du Yémen qui en mangeaient. »