Aujourd’hui, 12 jours après l’attaque terroriste qui a tué Eitam et Naama Henkin en Cisjordanie, nous pouvons déclarer officiellement que c’est l’ « Intifada Al-Quds » – le soulèvement de Jérusalem.
Elle est différente des deux Intifadas précédentes dans la mesure où il manque l’élément populaire qui a caractérisé les soulèvements qui ont commencé en septembre 2000 et en décembre 1987. Quand bien même, cette vague d’attaques terroristes et de violence ne peut plus être définie comme une vague passagère.
Jour après jour, de plus en plus d’attaques sont perpétrées, menées par une écrasante majorité de jeunes de Jérusalem-Est – des enfants, des adolescents, des étudiants et même un employé de Bezeq, la compagnie de téléphone d’Israël (Alaa Abu Jamal, qui a assassiné Yeshayahu Kirshavski dans l’attaque à la voiture bélier / au couteau de lundi).
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres peut avoir été une visite au mont du Temple par le ministre du Logement, Uri Ariel, ou par le ministre adjoint des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, dans un climat dans lequel de nombreux groupes musulmans palestiniens et israéliens colportaient de fausses allégations au sujet des plans israéliens pour Al-Aqsa, même s’il y avait des signes avant-coureurs bien avant que les deux ministres se rendent sur le mont du Temple : le meurtre de l’adolescent arabe, Mohammad Abu Khdeir et la mini-intifada qui a eu lieu l’été dernier, les altercations en cours entre les forces de sécurité et les jeunes palestiniens, et plus encore.
Mais pour bien comprendre le contexte dans lequel cette nouvelle Intifada a éclaté, nous avons besoin de revenir à de nombreuses années en arrière – à la négligence continue des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est par les gouvernements israéliens au cours des 48 dernières années, en dépit de la situation économique désastreuse des résidents de ces quartiers ; l’état d’anarchie ; et le fait que certains des villages à la périphérie de Jérusalem aient évolué en une zone grise depuis la construction de la barrière de sécurité.
Des quartiers et des villages entiers dont les habitants ont des cartes d’identité bleues, qui sont citoyens d’Israël, ne reçoivent aucune attention d’Israël ou l’Autorité palestinienne.
C’est l’intifada des jeunes, c’est l’Intifada d’Internet, mais avant tout c’est l’Intifada de Jérusalem. Certes, il y a des marches de protestation en Cisjordanie chaque jour, mais le nombre de participants est relativement faible.
Le tollé de la population palestinienne est faible et a une portée limitée par rapport à la vitesse à laquelle les jeunes de Jérusalem-Est se joignent au cercle du terrorisme et de la violence, sans planification ou organisation, avec les médias sociaux comme catalyseur et moteur principal.
Ironie du sort : parmi les facteurs à l’origine des nouvelles attaques, il y a les clips tournés par les Israéliens des scènes d’attentats terroristes : une vidéo de la terroriste de Nazareth, de l’homme qui a poignardé un agent de la police des frontières à la Porte de Damas, et – bien sûr – Ahmad Manasra, le garçon de 13 ans qui s’est adonné à une tuerie à Pisgat Zeev. L’image de Manasra, blessé et battu après avoir tenté d’assassiner un garçon juif, a été largement diffusée par les Palestiniens et est rapidement devenue un symbole de la cruauté israélienne.
Les médias sociaux palestiniens ont choisi d’ignorer le fait que c’était un terroriste qui avait l’intention d’assassiner des Israéliens et s’est concentré sur le fait que plusieurs des Israéliens qui étaient là à la suite de l’attaque voulaient le lyncher. Ces clips vidéo créent de plus en plus de terroristes.
Le génie est sorti de sa lampe et il est difficile de voir comment le remettre dedans.
Il y a seulement quelques jours, on pouvait envisager des mesures ou des gestes diplomatiques pour rétablir le calme, de telles mesures ne sont plus pertinentes. Les jeunes de Jérusalem-Est ne se soucient pas de l’état de la diplomatie entre l’Autorité palestinienne et Israël. La menace présumée d’al-Aqsa, a été le principal catalyseur de l’incendie mais il est difficile de dire ce qui pourrait aider à l’éteindre.
Abbas a parfois gardé le silence et d’autres fois a accusé Israël d’avoir « exécuter », Hassan Manasra, le deuxième terroriste de Pisgat Zeev. Mais, les jeunes de Jérusalem-Est ne l’ont pas écouté.
Le Hamas, bien sûr, se réjouit de la tournure vicieuse des événements. Il a travaillé pour enflammer la situation à la veille de Rosh Hashana et c’est lui qui a le plus à gagner de la violence actuelle.
Israël n’a pas de véritables outils pour contrer ces attaques. L’envoi de troupes à Jérusalem-Est ne va pas l’aider du tout. Une fermeture ou un couvre-feu sur les villages à Jérusalem-Est pourraient réduire légèrement le nombre d’attaques mais n’y mettra pas fin.
En outre, une telle mesure aurait des conséquences politiques et diplomatiques dramatiques concernant la division de Jérusalem et pousserait probablement plus de Palestiniens de la partie orientale de la ville à entrer dans le cycle de la violence car ils ne seront pas en mesure d’aller au travail. Les adversaires du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, se délecteront sans doute en affirmant que « Bibi a divisé Jérusalem ».
Nous sommes maintenant au milieu d’une guerre contre la terreur mais avec presque pas de possibilité de confronter les terroristes de demain qui sont presque invisibles jusqu’à ce qu’ils agissent.