ne réunion publique très inhabituelle de responsables israéliens et saoudiens de haut rang a eu lieu jeudi à Washington, lorsque le directeur général qui vient de prendre ses fonctions au ministère israélien des Affaires étrangères a partagé une tribune – et a serré la main – d’un général saoudien à la retraite qui est aussi un ancien haut conseiller du gouvernement saoudien.
Dans leurs deux allocutions qui se sont déroulées au Council on Foreign Relations, un think tank de Washington, Dore Gold et Anwar Eshki ont tous deux épousé l’idée de la paix israélo-saoudienne et identifié l’Iran comme étant la principale menace pour la stabilité régionale.
Eshki a parlé longuement des actions hostiles et agressives de l’Iran dans la région et a signalé que la paix avec Israël, sur labase de l’Initiative de paix arabe arabe, était une priorité. Il a également abordé la nécessité d’une force militaire arabe commune pour accroître la stabilité régionale, à l’instar du président égyptien.
Gold, l’actuel chef du Centre de réflexion de Jérusalem pour les Affaires publiques, devrait être confirmé au poste de chef du ministère des Affaires étrangères dans les prochains jours. Il a lui aussi parlé du défi posé par l’Iran au Moyen-Orient, et a averti qu’un faible accord nucléaire avec Téhéran laisserait la République islamique au seuil nucléaire.
Bloomberg News a indiqué que les deux pays, ennemis de longue date sans relations diplomatiques, ont tenu cinq réunions clandestines au cours des 17 derniers mois pour aborder la menace posée par l’Iran. Ces rumeurs de longue date, au sujet de négociations par le biais de canaux clandestins entre Jérusalem et Ryad, n’ont jamais été officiellement confirmées.
Shimon Shapira, décrit par Bloomberg comme un expert sur le groupe terroriste libanais, le Hezbollah, qui a pris part aux réunions, a déclaré: «Nous avons réalisé que nous avions les mêmes problèmes et les mêmes défis et parfois les mêmes réponses ».
Même si Gold et Eshki ont souligné qu’ils n’intervenaient pas en tant que représentants officiels de leurs nations mais plutôt comme des experts en politique étrangère, ils ont exprimé l’espoir que leurs Etats puissent trouver un terrain d’entente face aux défis régionaux.
« Le fait que nous soyons debout aujourd’hui sur cette scène ne signifie pas que nous avons résolu tous les différends que nos pays ont partagés au fil des ans », a déclaré Gold, selon Bloomberg News. « Mais notre espoir est que nous soyons en mesure d’y répondre pleinement dans les années à venir ».
Même s’il n’a pas pleinement soutenu l’Initiative de paix arabe, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré la semaine dernière qu’il soutenait l’idée générale derrière elle – un accord régional entre Israël et les Etats arabes modérés.
L’Initiative de paix arabe, proposée à l’origine par l’Arabie saoudite en 2002, a de nombreux aspects qui s’avèrent problématiques, a poursuivi le Premier ministre, comme son appel à un retrait israélien du plateau du Golan et le retour des réfugiés palestiniens en Israël.
« Il y a des aspects positifs et des aspects négatifs », a-t-il précisé aux correspondants diplomatiques israéliens lors d’un rare briefing officiel.
« Cette initiative a 13 ans, et la situation au Moyen-Orient a changé depuis qu’elle a été proposée. Mais l’idée générale – tenter de parvenir à des accords avec les principaux pays arabes – est une bonne idée ».
Dans le cadre proposé par l’initiative, tous les Etats arabes et islamiques devraient établir des relations diplomatiques normales avec Israël après la conclusion réussie du processus de paix avec les Palestiniens.
Le gouvernement israélien n’a jamais pleinement approuvé le plan. Mais Netanyahu a déclaré à maintes reprises qu’étant donné les aspirations nucléaires et régionales de l’Iran, les Etats arabes modérés et Israël ont un ennemi commun et donc un terrain pour une coopération accrue.
Pendant ce temps, un nouveau sondage téléphonique mené par un collège israélien auprès des citoyens de l’Arabie saoudite a conclu que la population saoudienne est beaucoup plus préoccupée par les menaces de l’Iran et le groupe Etat islamique que par Israël, et que la grande majorité des Saoudiens soutiennent la proposition de paix vieille de 10 ans avec l’Etat juif.
Le sondage de l’International Disciplinary Center a constaté que 53 % des Saoudiens identifient l’Iran comme leur principal adversaire de leur pays, tandis que 22 % ont affirmé que c’était le groupe Etat islamique et seulement 18 % ont cité Israël.
Le sondage, mené en collaboration avec l’université du Wisconsin, Milwaukee, a sondé 506 Saoudiens au téléphone et avait une marge d’erreur de 5 points de pourcentage.
Ces résultats indiquent un terrain d’entente important entre l’Arabie Saoudite et Israël. Netanyahu a été franc dans sa critique de l’accord émergent sur le nucléaire entre l’Iran et les puissances du P 5+1, en affirmant que cet accord va laisser une grande partie de l’infrastructure nucléaire iranienne intacte. Il a également affirmé que les pays arabes, qu’il n’a pas nommés, probablement l’Arabie saoudite et d’autres pays sunnites du Golfe, partagent ses préoccupations.
« Ce que nous pensons ici en Israël des Saoudiens ne sont pas exactement ce qu’ils sont », a déclaré Alex Mintz, qui dirige l’Institut IDC pour la politique et la stratégie et qui a supervisé l’enquête. « Il y a une grande concentration d’intérêts, de menaces et d’ordres du jour… certains voudraient même unir leurs forces avec Israël ».
Les sondeurs ont informé les sondés qu’ils travaillaient pour l’IDC mais ne leur ont pas précisé que l’école était israélienne.
Mintz a indiqué que peu de gens interrogés se sont interrogés sur la source de l’enquête, et ceux qui ont posé des questions n’ont pas fait le lien avec Israël. Il a dit qu’il n’y avait pas eu d’échanges désagréables.
Raphael Ahren a contribué à cet article.