25 de marzo de 2015

Le débat sur l’alyah révèle les divisions de la communauté juive de France

Le débat sur l’alyah révèle les divisions de la communauté juive de France

Les voix exhortant les Juifs à rester sont raillées comme venant de « l’élite ashkénaze » par une communauté juive séfarade grandissante

 22 mars 2015, 15:04 2
Salon de l'alyah à Paris (Crédit : Alain Azria)






PARIS (JTA) – Une salve d’applaudissements a salué le survivant de la Shoah Marek Halter et son proche ami, l’imam Hassan Chalghoumi, lorsqu’ils sont entrés ensemble dans la Grande synagogue de la Victoireau mois de janvier.
Halter, auteur célèbre et ami du Premier ministre français Manuel Valls, est connu pour ses bonnes relations avec les musulmans modérés, et la présence de Chalghoumi à ses côtés, le 11 janvier, dans la synagogue bondée, a été vue comme un signe d’espoir après l’assassinat de quatre Juifs deux jours plus tôt dans un supermarché casher de la porte de Vincennes.
Avec la marée montante de la violence antisémite en France, qui a conduit à un niveau record l’immigration en Israël, Halter est apparu comme le chef de file des personnalités exhortant les Juifs de France à ne pas fuir.
En janvier, il avait publié un manifeste de 63 pages, intitulé « Réconciliez-vous », qui invitait les musulmans et les juifs de France à travailler ensemble pour faire de la France un endroit plus tolérant pour les minorités.
Les Juifs français devraient « rester et se battre pour leur place dans la société au lieu de faire leurs valises et de fuir devant l’adversité », a déclaré Halter à JTA.
Halter est l’un des plus éminents Juifs français qui exhorte ses coreligionnaires à tenir le coup en France, mais sa campagne expose les tensions entre les progressistes partisans de l’intégration – dont beaucoup sont ashkenazes, comme lui – et une majorité des séfarades, plus communautaires, qui favorisent l’alyah.
Les Juifs séfarades constitueraient un nombre disproportionné des immigrants français en Israël – 80 à 90 %, selon Sergio DellaPergola, sociologue à l’Université hébraïque et l’un expert de la démographie juive. Dans l’ensemble, les Séfarades représentent environ les deux tiers de la communauté juive française.
La surreprésentation des Séfarades est, selon DellaPergola, due aux « traumatismes que de nombreux Séfarades d’Afrique du Nord installés en France après les années 1950 ont apporté avec eux, après avoir vécu dans des sociétés musulmanes où beaucoup ont apprécié la coexistence pacifique, mais où beaucoup d’autres ont été victimes de discrimination. »
L’antisémitisme violent « renvoie des souvenirs très désagréables aux Juifs séfarades, qui ont déjà une forte propension à faire leur alyah également en raison du sentiment religieux puisqu’ils viennent de sociétés plus traditionalistes », a estimé DellaPergola.
L’an dernier, 7 231 Juifs français ont immigré en Israël, un chiffre record – près de trois fois le nombre de ceux qui sont venus en 2012 – qui fait de la France la plus grande source mondiale de nouveaux immigrants.
Après la tuerie du supermarché en janvier, à Paris, et l’assassinat d’un garde de sécurité bénévole devant une synagogue au Danemark, le Premier ministre israélienBenjamin Netanyahu a annoncé qu’Israël se préparait à une immigration massive et a appelé les Juifs européens à considérer l’Etat juif comme leur maison.
Certains responsables de l’Agence juive, l’organisme qui coordonne l’alyah à l’échelle mondiale, s’attendent à l’arrivée d’environ 15 000 Juifs de France cette année.
Le Grand Rabbin de France Haïm Korsia (Crédit : Fred Dufour/AFP)
Le Grand Rabbin de France Haïm Korsia (Crédit : Fred Dufour/AFP)
Suite à l’attaque de l’HyperCacher, l’appel de Halter aux Juifs français pour qu’ils restent fidèles à leur patrie a été repris par d’autres membres de l’élite juive française, dont le philosophe Bernard-Henri Lévy et le grand rabbin de France Haim Korsia, qui, au cours de la même cérémonie à la Synagogue de la Victoire a déclaré : « l’alyah ne devrait jamais être le résultat de la peur, mais d’un appel interne ».
Mais Siona, une organisation qui représente les Juifs séfarades de France, a répondu avec force à une tribune qu’Halter avait publiée l’an dernier dans Le Monde – qui demandait aux Juifs de ne pas abandonner leur pays aux djihadistes et au Front national (extrême droite), qui espère obtenir d’excellents résultats aux élections départementales en France.
« Au lieu de donner des conseils aux Juifs de France dont ils n’ont que faire, Marek Halter devrait se consacrer aux salons mondains auxquels il participe et continuer à fréquenter les grands de ce monde », a déclaré le président de Siona, Roger Pinto, dans un communiqué qui semblait refléter une perception largement répandue de décalage entre l’élite juive française et la base.
Pour Karin Amit, une experte du judaïsme français au Centre Académique Ruppin en Israël, le débat reflète un « décalage croissant dans les différentes attitudes face à l’alyah – non pas tant entre Séfarades et Ashkénazes, mais entre une majorité traditionaliste où les Séfarades sont un élément fort, et une élite laïque essentiellement ashkénaze mais qui compte aussi aussi des Séfarades ».
Des centaines de milliers de juifs d’Afrique du Nord ont immigré en France dans les années 1950, avec des millions de musulmans.
En renflouant les rangs d’une communauté qui a perdu un quart de ses membres dans la Shoah, les nouveaux arrivants ont hérité le leadership de la communauté des mains d’une population ashkénaze en déclin.
Pour DellaPergola, les tendances actuelles de l’alyah peuvent rendre les rennes de la communauté aux Juifs plus laïques et plus assimilées.
Parmi ceux qui sont les plus déterminés à rester, il y a  Gilles Goldberg, un homme d’affaires ashkénaze de la banlieue aisée de Saint-Mandéqui était de ceux qui ont applaudi Halter à la synagogue le 11 janvier.
« Halter me parle parce que je suis d’accord [pour dire] que les problèmes actuels montrent que nous devons travailler plus intensément que jamais pour trouver une solution, estime Goldberg. Mais certains de mes amis, surtout séfarades, cherchent la réponse dans un repli communautariste ou bien en Israël.
Un de ses amis, Serge Perez, est né en Algérie qu’il a quittée au début de la guerre qui a duré de 1954 à 1962. Perez vit aujourd’hui à Paris, dans un quartier populaire qui compte une grande communauté musulmane, qui a fourni quelque 40 % de l’immigration juive de la région parisienne.
« Certains donnent le bénéfice du doute aux musulmans et à la société française », a confié Perez à JTA.
« Mais je n’ai aucun doute : la société française a déjà abandonné ses Juifs une fois, elle le fera à nouveau. Quant aux musulmans, s’ils sont une majorité là où j’habite, j’irai vivre ailleurs. »

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