Katya avait 18 ans quand elle a appris qu’elle n’était pas considérée comme juive en Israël. Née à Minsk en 1985, elle a grandi dans la communauté juive et se souvient du temps où sa maison était une base secrète de leçons d’hébreu, strictement interdites pendant la période soviétique en Biélorussie.
Katya se souvient avoir été raillée à l’école pour son nom de famille juif, se faisant traitée de « zhid« , appellation aux connotations péjoratives dans la rue de Russie. Elle a demandé à son père à 13 ans pourquoi les gens pensaient qu’être juif était mal.
« En Biélorussie, je n’avais aucun doute sur ma judaïté », confie Katya au Times of Israel mardi. Là-bas, la nationalité est déterminée par le père et même au cours de son premier voyage en Israël à 17 ans avec Taglit-Birthright, elle était sûre de son identité juive.
C’est seulement quand elle a commencé à étudier à l’université et au département d’études juives qu’elle a compris que sa mère n’étant pas juive, elle n’était pas considérée comme juive selon la Loi juive, ou Halakha, qui détermine le statut religieux en Israël.
Katya s’est davantage impliquée dans sa communauté juive et son travail de défense d’Israël, a commencé à observer la cacheroute – lois alimentaires rituelles – et finalement, après s’être fiancée à un jeune homme juif de 21 ans, a souhaité entamer une conversion orthodoxe.
Elle avait deux options de tribunaux rabbiniques – à Kiev ou à Moscou, les deux à une heure de vol. Elle a choisi d’ouvrir son dossier à Kiev, et le rabbin lui a dit qu’elle devait quitter Minsk et fréquenter une école religieuse de filles pendant au moins deux ans.
« J’avais déjà une maîtrise ; j’avais déjà commencé à recevoir des offres d’emploi à Minsk. Je n’étais pas en mesure de tout quitter et de rejoindre un séminaire », raconte Katya. Dans le même temps, comme elle le dit, le rabbin de Kiev a conseillé à son petit ami de ne pas l’épouser et lui a dit de trouver une épouse « plus appropriée ».
A son retour d’Israël avec un carton de nourriture casher pour la communauté dans les bras, au lieu d’être accueillie par son petit ami, son meilleur ami l’a informée que l’homme qu’elle pensait épouser célébrait ses fiançailles – avec une autre.
Aigrie par cette expérience, mais toujours active dans la communauté juive et engagée envers Israël, Katya a abandonné sa tentative de conversion orthodoxe et a immigré en Israël en décembre 2009 en vertu de la Loi du Retour. (La Loi du Retour, basée sur les lois nazies de Nuremberg, accorde la citoyenneté à ceux qui ont au moins un grand-parent juif.)
Elle a compris à l’âge de 25 ans, après des années de travail en étroite collaboration sur des projets liés à Israël, qu’elle voulait élever une famille en Israël. « Vivre ici, me marier ici, avoir des enfants ici. Tous mes rêves sont devenus réalité, mais il y avait cette petite chose », dit Katya, se référant à son statut.
Cette « petite chose » a été résolue halachiquement dimanche, quand Katya a subi une conversion grâce à un nouveau tribunal indépendant de conversion orthodoxe, très controversé.
Une conversion « comme il se doit »
Fondé par des rabbins sionistes respectés et dirigé par un leader halakhique de sa génération, le directeur de la yeshiva hesder de Maaleh Adumim, Rav Nahum Rabinovitch, le nouveau tribunal de conversion opère en dehors de l’autorité du Grand Rabbinat d’Israël.
Il s’appelle « Giyur Kahalakha » – littéralement « conversion selon la Halakha, » qui est aussi un jeu de mots évoquant « la conversion comme il se doit. »
Mis à part Rabinovich, d’autres membres du tribunal comprennent le président de l’association rabbinique Tzohar Rav David Stav, Rav Shlomo Riskin d’Efrat, le co-directeur de la yeshiva Har Etzion à Alon Shvut Rav Yaakov Medan, et Rav Reem Hacohen, grand-rabbin municipal d’Otniel et directeur de la yeshiva Otniel.
Ce tribunal de rabbins de renom, qui ont à ce jour participé à quelque 50 conversions secrètes indépendantes, a déclenché une tempête médiatique lundi en annonçant la conversion de six mineurs sous ses auspices – y compris la fille de Katya.
Avec une cohorte de rabbins et de politiciens à la fois pour et contre, les médias israéliens ont été inondés par une spéculation sur la question de savoir si cette « rébellion ouverte » conduira à une éventuelle réforme de l’autorité religieuse, ou à sa chute.
Pour Katya, cependant, maintenant mariée (dans une cérémonie civile à Prague) à un homme juif selon la Halakha, mère d’une petite fille de quatre ans et enceinte de neuf mois d’un garçon, les conversions de cette semaine étaient « très puissantes et émouvantes », dit-elle.
« C’était vraiment, vraiment dur, pour tout vous dire, » dit-elle. « Les rabbins ont posé de nombreuses questions au sujet de notre vie future, sur ce que nous devions faire pour éduquer nos enfants. »
Photo illustrative d'une femme qui se convertit au judaïsme au tribunal rabbinique de Jérusalem en 2003. (Flash 90)
Photo illustrative d’une femme qui se convertit au judaïsme au tribunal rabbinique de Jérusalem en 2003. (Flash 90)
L’objectif de la nouvelle cour de conversion concerne les enfants mineurs (moins de 13 ans pour les garçons, moins de 12 ans pour les filles) des 364 000 immigrants de l’ancienne Union soviétique, arrivés en Israël par l’intermédiaire de la Loi du Retour, beaucoup d’entre eux, comme Katya, ayant toujours été considérés comme juifs, mais étant classés dans la rubrique « sans religion » en termes de statut personnel.
De nombreuses organisations ont tenté de résoudre le problème, mais ce qui fait l’unicité de la plate-forme Giyur KaHalakha est la synthèse de groupes aux vues similaires en partenariat avec « des politiciens vétérans de premier plan de la communauté sioniste religieuse », explique le président de Itim, Rav Seth Farber, l’une des forces motrices de l’initiative.
« C’est la première fois que tous ces rabbins se sont réunis pour résoudre un problème national. C’est un rayon de lumière », dit-il.
« Nous ne voyons pas cela comme une attaque contre le rabbinat, » dit Farber, ajoutant qu’aucune loi n’empêche la création de tribunaux indépendants. En tant que chef de Itim, une ONG qui aide les immigrants à braver la bureaucratie du rabbinat, Farber connaît bien les rouages ​​du système religieux de l’Etat.
« Nous avons essayé de travailler exclusivement dans le cadre du monopole [pour résoudre la crise des conversions], sans succès. Les rabbins croient qu’il existe des alternatives halakhiques authentiques », dit Farber.
Et l’accent mis par l’initiative sur la deuxième génération d’immigrants russes est le résultat d’une application pratique de la Halakha, dit le président de Tzohar, Rav Stav, dans une interview avec le Times of Israel mardi.
« Nous avons affaire à un groupe qui compte déjà près de 100 000 enfants, jusqu’à 18 ans. Chaque année, 4 500 de ces enfants naissent en Israël et à moins de 2 000 sont convertis », dit Rav Stav.
Le rabbin David Stav, 20 juin 2013. (Photo : Flash 90)
Le rabbin David Stav, 20 juin 2013. (Photo : Flash 90)
Le nouveau tribunal insiste pour que, même si les parents ne sont pas des Juifs pratiquants, les enfants reçoivent une éducation juive traditionnelle. « Quand je dis traditionnelle, je parle d’observer le Shabbat, la casheroute », précise-t-il.
Sans possibilité de convertir les enfants, le processus de conversion orthodoxe reconnu par le rabbinat est long et ardu et beaucoup sont plus que disposés à y renoncer.
Cependant, bien qu’ils vivent avec les pleins droits de citoyenneté de la société israélienne, paient des impôts et sont obligés de servir dans l’armée, la vie avec « ce statut sans religion » est extrêmement problématique lorsqu’il est question d’événements du cycle de la vie, comme le mariage. Israël, qui ne possède pas de mécanisme pour le mariage civil national, interdit aussi le mariage inter-religieux.
Comme dans le cas de Katya, ces « Juifs non juifs » sont contraints de se marier à l’étranger dans des cérémonies civiles, ou dans des cérémonies religieuses illégales ici, faisant risquer au rabbin une peine d’emprisonnement de deux ans.
La conversion de Katya a été supervisée par le grand rabbin d’Efrat, Shlomo Riskin, immigrant américain. Elle affirme qu’il était le premier rabbin avec qui elle s’est entendue sur sa conversion.
« Son point de vue est le même que le mien. Pour lui, j’étais déjà juive », dit Katya.
« Juif à travers le père seulement »
Dans un bref entretien téléphonique entre des apparitions à la radio et à la télévision mardi, Rav Riskin a déclaré au Times of Israel qu’il était impliqué dans l’initiative du tribunal indépendant de conversion « depuis le début. »
Son activisme pour les Juifs russes s’étend à travers cinq décennies et pendant les années 1960 et 1970, Riskin, fondateur de la synagogue Lincoln Square de New York, a fait plusieurs voyages en Union soviétique pour visiter et rallier les prisonniers de Sion. Il était aussi le président du premier mouvement national américain pour la libération des Juifs russes.
Rav Shlomo Riskin, rabbin d'Efrat, dirige la cérémonie de rachat du premier-né pour un premier-né de 30 jours à Efrat, en Cisjordanie, le 25 mai 2015. (Gershon Elinson/Flash90)
Rav Shlomo Riskin, rabbin d’Efrat, dirige la cérémonie de rachat du premier-né pour un premier-né de 30 jours à Efrat, en Cisjordanie, le 25 mai 2015. (Gershon Elinson/Flash90)
« Nous avons travaillé très dur pour faire venir les Juifs de l’ex-Union soviétique et j’étais ravi de voir plus d’un million de Juifs venir en Israël », dit Riskin, qui a immigré en Israël en 1983. Parmi la vague d’immigration au début des années 1990, 350 000 étaient « juifs du côté mâle seulement », dit-il, et sont entrés en vertu de la Loi du Retour.
« Il est essentiel qu’ils soient Juifs, et pas seulement Israéliens », observe Riskin. « Il est essentiel que notre société ne soit pas divisée. »
Rav Avi Weiss, fondateur de l’Institut hébraïque de Riverdale à New York, était aussi un acteur central du mouvement de libération des prisonniers soviétiques de Sion.
Egalement chef de file de la Lutte des étudiants pour le judaïsme soviétique, son travail est détaillé dans son livre de 2015 : “Open Up the Iron Door: Memoirs of a Soviet Jewry Activist. [Ouvrir la porte de fer : Mémoires d’un militant du judaïsme soviétique. »
Weiss souhaite désespérément trouver une solution halakhique aux 350 000 immigrés russes qui ne sont pas considérés comme juifs par le rabbinat israélien. Pour lui, leurs conversions devraient être traitées avec beaucoup plus de clémence.
Après la création annoncée de Giyur KaHalakha, raconte Weiss au Times of Israelmardi, il « a beaucoup soutenu les efforts des rabbins Riskin, Rabinowitz, Medan et Stav. »
« Ceux qui lient leur sort avec le peuple juif franchissent un grand pas », a déclaré Weiss dans une récente interview plus tôt avec le Times of Israel. Ils doivent être accueillis et hébergés dans les limites de la Halakha.
Rav Avi Weiss avec Avital Sharansky au cours d'une grève de la faim d’une semaine pour protester contre l'emprisonnement de Natan Sharansky. (Archives de la Lutte des étudiants pour le judaïsme soviétique)
Rav Avi Weiss avec Avital Sharansky au cours d’une grève de la faim d’une semaine pour protester contre l’emprisonnement de Natan Sharansky. (Archives de la Lutte des étudiants pour le judaïsme soviétique)
Alors que la tradition populaire renvoie le candidat à la conversion à trois reprises, la Halakha dicte simplement que le rabbin doit l’informer de l’obligation grave des commandements halakhiques, et de la haine historique pour le peuple juif.
« Mes bras sont ouverts – devenir juif est la plus belle chose au monde. Nous devons faciliter la conversion, mais s’assurer qu’elle est valable », dit Weiss.
Weiss a largement fait campagne contre une autorité centralisée des conversions, à la fois en Israël et dans la diaspora, disant que les rabbins de la communauté ont une relation avec leurs fidèles et sont mieux en mesure de discerner les intentions du candidat à la conversion.
« Les rabbins sont formés pour parler et enseigner, ils doivent être formés à l’écoute. Chaque situation est unique, a sa propre résonance, sa propre mélodie », dit-il.
Créer ou réparer une faille dans la société israélienne ?
Mardi, la radio israélienne était en effervescence, avec les marques de soutien et les condamnations du nouveau tribunal indépendant.
Parmi les voix les plus récalcitrantes, l’ancien chef de l’autorité étatique des conversions religieuses, Rav Haïm Druckman, qui a dit : « La bonne volonté ne suffit pas ; ils seront responsables de la destruction de la vie toranique en Israël ».
Rav Haïm Meir Druckman. (Tsafrir Abayov / Flash90)
Rav Haïm Meir Druckman. (Tsafrir Abayov / Flash90)
Un autre critique virulent est le rabbin Moshe Klein, l’ancien directeur-adjoint de l’autorité des conversions, pour qui le tribunal « détruit le tissu de la société israélienne, car il crée des convertis de première et de seconde classes. »
Il a comparé la création du tribunal à une personne qui ne respecte pas les lois de la circulation et forme un nouveau tribunal de la circulation.
« Il n’y a pas d’alternative au rabbinat », a déclaré Klein, qui affirme que le Grand Rabbinat représentait le juste milieu de la société depuis des générations.
« Dans le passé, les sionistes nationaux renforçaient le rabbinat, aujourd’hui ils grignotent à son autorité, » a-t-il dit, même s’il a fait remarquer qu’ils constituent la majorité des juges rabbiniques. Klein a déclaré que s’il existe des défis à relever, « aucun autre corps ne reflète toutes les parties de la nation ».
Bien que membre du parti HaBayit HaYehudi, l’ancien ministre des affaires religieuses Eli Ben-Dahan a également rejeté ce nouveau tribunal indépendant. Tout en admettant que le système actuel est imparfait, Ben Dahan déclare : « Nous sommes revenus en terre d’Israël pour créer un Etat… une armée… et un Grand Rabbinat. »
« Nous comprenons tous que dans l’État d’Israël, il existe des autorités étatiques, même si nous ne sommes pas d’accord avec elles », a-t-il dit, qualifiant le tribunal indépendant d’ « approche réaliste qui mène à l’anarchie. »
Ben-Dahan a exhorté le rabbinat à augmenter ses conversions halakhiques autant que possible.
Le vice-ministre de la Défense Eli Ben-Dahan, ancien vice-ministre des Affaires religieuses, le 3 février, 2014. (Yonatan Sindel/Flash90)
Le vice-ministre de la Défense Eli Ben-Dahan, ancien vice-ministre des Affaires religieuses, le 3 février, 2014. (Yonatan Sindel/Flash90)
Et bien qu’il ne donne actuellement aucune réponse à la presse, le directeur de l’Autorité des Conversions du ministère des Services religieux, Yaron Catane, a déclaré au Times of Israel en avril qu’il est très important de maintenir l’uniformité au sein du peuple juif, en particulier sur l’acceptation d’une personne comme juive.
« Sans cette uniformité, le peuple juif sera divisé, un groupe rejettera l’autre et les gens ne pourront plus se marier entre eux », a déclaré Catane.
« La création de tribunaux de conversion privés permettra de former différents groupes et niveaux de conversion qui ne seraient pas reconnus, désintégrant ainsi le peuple juif en Israël et sapant le principe de base de la création de l’Etat juif, » a-t-il dit.
Dans un communiqué publié mardi, cependant, le chef du nouveau tribunal de conversion, Rabinovich, d’origine canadienne, a déclaré que ce tribunal « est un mouvement historique destiné à recoudre la déchirure qui s’est ouverte dans la société israélienne en raison de la négligence problématique du statut personnel des immigrants de l’ancienne Union soviétique ».
« Il est important de souligner qu’occulter ce problème ne le fera pas disparaître », a déclaré Rabinovich.
Une menace existentielle
Dans un appel téléphonique lundi soir, l’initiateur de Giyur KaHalakha, Farber, a expliqué que « le status quo ne peut plus être crédible ».
« La fenêtre d’opportunité qui s’est ouverte dans les années 1980 avec l’alyah en provenance des pays de l’ancienne URSS, cette fenêtre se referme rapidement. Les gens sont de plus en plus ambivalents sur le rôle de la vie juive et ne s’en préoccupent tout simplement pas », dit Farber.
Efraim Halevy, ancien chef du Mossad (Yossi Zamir/Flash 90)
Efraim Halevy, ancien chef du Mossad (Yossi Zamir/Flash 90)
Mais pour l’ancien chef du Mossad, Efraim Halevy, l’ampleur du problème dépasse de loin l’angoisse personnelle et reste une question de sécurité.
S’il n’est pas directement impliqué dans le nouveau tribunal de conversion, Halevy, qui est actuellement à la tête de l’Institut israélien O. Triguboff Harry, qui, parmi d’autres projets, aide les immigrants de l’ancienne URSS à trouver des documents nécessaires prouvant leur judéité, et sensibilise des centaines de milliers à leur statut.
Né en Angleterre dans une famille orthodoxe sioniste moderne, Halevy dit qu’il a grandi dans une atmosphère d’efforts d’intégration de la part des rabbins orthodoxes.
« Pour moi, le modèle est Rav Yitzhak Halevi Herzog, qui était le grand rabbin pendant et après l’Holocauste », a déclaré Halevy.
Herzog a dû prendre de nombreuses décisions halakhiques basées sur un monde en mutation, et il a choisi d’être clément dans la mesure du possible avec la création du nouvel État juif. Il s’est spécialement consacré aux cas d’enfants juifs qui avaient été cachés et élevés par des chrétiens pendant la Seconde Guerre mondiale et travaillait sans relâche pour les récupérer.
Halevy qualifie la crise actuelle des conversions « de menace pour la sécurité d’Israël, car elle menace la majorité juive en Israël… Le résultat final est que le caractère juif du pays changera et que les Juifs halakhiques seront la minorité », dit-il. Ceci, selon lui, serait une « tragédie ».
Résoudre la menace doit impliquer une discussion sérieuse sur le plan politique.
« C’est non seulement une question religieuse, mais également une question nationale », dit Halevy. « Les dirigeants doivent avoir le courage de la gérer comme une question nationale et non pas seulement une question qui concerne un certain courant du pays. »
Il y a déjà des politiciens extrêmement préoccupés, bien que pour des raisons différentes.
Ksenia Svetlova du parti Union sioniste (Miriam Alster/Flash 90)
Ksenia Svetlova du parti Union sioniste (Miriam Alster/Flash 90)
« Je ne suis pas inquiète pour la démographie juive en Israël – les données montrent qu’elle est effectivement à la hausse – mais je suis profondément préoccupée par l’écart entre Israël et les communautés juives à l’étranger », dit Ksenia Svetlova, de l’Union sioniste.
Svetlova est née à Moscou en 1977 et a fait son alyah en 1991. Elle est l’une des députés qui émettent des projets de loi sur des questions telles que le mariage civil. Elle est consciente de la division au sein de la diaspora sur le monopole du Grand Rabbinat et du manque de reconnaissance des autres courants du judaïsme.
« Nous nous coupons du monde », dit Svetlova. « C’est très dangereux pour le sort du peuple juif, et pour le sort d’Israël. »
Un Israélien est-il un Israélien ?
Elève de Rabinovich, Rav Yoni Rosensweig a publié un long blog explicatif sur le nouveau tribunal de conversion indépendant, disant qu’il ne s’agit pas « seulement de lutter contre l’assimilation, mais de maintenir le caractère juif de notre Etat ».
« Il s’agit de comprendre que ceux qui viennent en Israël et veulent faire partie de notre nation, méritent une chance… Ces tribunaux sont essentiels pour nous : pour préserver notre unité, pour sauver la spiritualité de beaucoup et créer un Etat pour tous ceux qui veulent vraiment partager le sort du peuple juif. »
Katya, par exemple, est une sioniste ardente, dont la famille, liée au destin du peuple juif, fut assassinée pendant l’Holocauste. Son grand-père, seul survivant de 12 frères et sœurs, lui a toujours dit que les nazis ont tué ses codétenus indépendamment du fait qu’ils étaient à 10 % ou à 100 % juifs.
Après presque six ans en Israël, elle s’est sentie dans une situation similaire.
« Je suis venue ici [à cause de] mes convictions sionistes et parce que j’aime ce pays », dit-elle.
« Mes enfants vont servir dans l’armée israélienne et si un jour ils protègent nos frontières et que le Hamas ou le Hezbollah attaquent, ces terroristes sont prêts à tuer des soldats israéliens. Ils ne se soucient pas si un soldat a seulement 10 % de sang juif« , s’insurge Katya.
« Je ne comprends pas : pourquoi devrais-je me sentir mal si ma mère n’est pas juive mais que je vis dans le même pays, paye les mêmes impôts. Pourquoi devrais-je sentir comme appartenant à une minorité ? », s’interroge-t-elle.