WASHINGTON (JTA) – Des emails piratés montrent qu’Open Society Fondations, dirigée par le milliardaire juif George Soros, avait pour objectif de « défier les politiques racistes et antidémocratiques d’Israël » sur la scène internationale, en partie en remettant en question la réputation d’Israël en tant que démocratie.

Les documents sont disponibles sur un site internet, qui serait soutenu par la Russie, qui utilise des stéréotypes antisémites pour attaquer Soros.
Ils révèlent que Open Society, qui a été fondée et est dirigée par le milliardaire et philanthrope, a donné presque 10 millions de dollars depuis 2001 à des organisations qui défendent les droits des Arabes israéliens, avec une emphase ces dernières années pour contrer ce qu’un document appelle les « mesures restrictives » d’Israël contre les minorités.
« Ces dernières années, la radicalisation de l’opinion publique et les gouvernements de droite israéliens consécutifs ont entraîné des mesures plus restrictives contre les Palestiniens en Israël », est-il écrit dans un rapport de travail du 1er septembre 2015 du bureau régional arabe d’Open Society.
Il cite comme exemple le projet de loi sur l’Etat nation juif, déposé pour ancrer le statut juif d’Israël, mais dénoncé par certains Arabes israéliens pour marginaliser davantage les minorités non juives. Le projet de loi n’a toujours pas été voté.
Parmi les réussites listées dans le document, le bureau régional arabe compte la défense des intérêts accrue par les « citoyens palestiniens d’Israël », ou CPI, dans les forums internationaux, défiant les politiques « racistes » d’Israël face à sa réputation de démocratie.
Des soldats israéliens contrôlent les cartes d'identité de Palestiniens au checkpoint de Qalandia entre la ville de Ramallah, en Cisjordanie, et Jérusalem, le 1er juillet 2016. (Crédit : Flash90)
Des soldats israéliens contrôlent les cartes d’identité de Palestiniens au checkpoint de Qalandia entre la ville de Ramallah, en Cisjordanie, et Jérusalem, le 1er juillet 2016. (Crédit : Flash90)
Le document soutient le « développement d’une défense CPI plus organisée et efficace et une présence dans les forums internationaux (ONU, UE, Etats-Unis), particulièrement à la lumière des moyens domestiques de plus en plus limités disponibles pour demander justice. »
« En allant vers la défense des intérêts [au niveau] international, les CPI se dressent contre Israël et son image d’état démocratique devant la communauté internationale, par conséquent, les organisations de la société civile palestinienne en Israël sentent la pression et comblent le fossé en renforçant leur relation avec les acteurs et les systèmes internationaux comme l’Union européenne (UE) et les Nations unies (ONU) pour placer leur sujet au programme international », est-il écrit.
« Il y a plusieurs succès en défiant les politiques racistes et antidémocratiques d’Israël sur la scène internationale, et en influençant les négociations bilatérales entre Israël et les Etats-Unis », est-il écrit dans le document.
Les emails ont été publiés ces dernières semaines par DC Leaks, un groupe qui serait probablement soutenu par des agences de renseignements russes, selon des experts en sécurité interrogés parBloomberg News le 11 août.
Open Society a déclaré dans un communiqué adressé à JTA qu’elle avait rapporté le piratage au FBI.
« Un certain nombre de documents de Open Society Fondations, dont des stratégies, des plans de travail, et des demandes de financements, ont été publiés après avoir été supprimés d’une communauté en ligne qui servait de ressource pour les employés, les administrateurs et les partenaires dans le monde d’Open Society, est-il écrit dans ce communiqué. Une entreprise de sécurité a examiné l’incident quand les documents ont commencé à apparaître en ligne en juin, et le FBI a été informé. »
D’anciens communistes du bloc de l’Est ont insulté Soros pendant des années pour sa promotion de la démocratie et du libre marché dans leurs pays. Parallèlement, certaines organisations juives ont étiqueté Soros, enfant survivant de l’Holocauste, anti-Israël.
Des militants de gauche manifestent contre le projet de loi "Etat juif" devant la résidence du Premier ministre, à Jérusalem, le 29 novembre 2014. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Des militants de gauche manifestent contre le projet de loi « Etat juif » devant la résidence du Premier ministre, à Jérusalem, le 29 novembre 2014. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
La page de Soros sur le site internet de DC Leaks, en mauvais anglais, souligne les racines juives hongroises de Soros. Décrivant un Soros sinistre présidant au-dessus d’une gamme de nouvelles photos d’émeutes et de violence, il invoque des clichés antisémites fréquents en Russie et en Europe de l’Est, le décrivant comme un « vampire » dirigeant des « marionnettes » et des « esclaves », qui « gaspillent le sang de millions et de millions de personnes juste pour le rendre encore plus riche. »
Soros est un soutien important de la candidate démocrate à la présidentielle, Hillary Clinton. La campagne de Clinton a accusé les renseignements russes d’être responsables de la publication d’un déluge d’emails embarrassants, et a affirmé que le président russe Vladimir Poutine soutenait son rival, le candidat républicain Donald Trump.
Un document du 6 août 2015 détaille le financement du bureau régional arabe d’Open Society des associations de la société civile en Israël depuis 2001, pour un montant de 9 591 801 dollars. Le groupe qui a obtenu le plus d’argent est Adallah, une association pour les droits juridiques des Arabes israéliens, qui a reçu 2 688 651 dollars sur cette période.
Le New Israel Fund, une chambre de compensation pour les associations des droits civiques israéliennes, a reçu 837 500 dollars entre 2002 et 2015.
De façon remarquable, le rapport du bureau régional arabe du 1er septembre 2015 décrit positivement une initiative controversée, la Constitution démocratique 2007, parlant de l’un des « efforts de coopération importants entre les groupes majeurs de la société civile ».
La candidate démocrate à la présidence Hillary Clinton lors d'un événement organisé par le parti démocrate le 25 juillet 2016 à Charlotte, en Caroline du Nord (Crédit : Justin Sullivan/Getty Images/AFP)
La candidate démocrate à la présidence Hillary Clinton lors d’un événement organisé par le parti démocrate le 25 juillet 2016 à Charlotte, en Caroline du Nord (Crédit : Justin Sullivan/Getty Images/AFP)
Ce document que le rapport décrit comme « le défi le plus direct et le plus important posé par les citoyens palestiniens à leur statut au sein de l’Etat juif israélien », avait été dénoncé à l’époque par des associations pro-israéliennes pour promouvoir une perspective qui retirerait son caractère juif à Israël.
Adalah avait été l’un des rédacteurs de ce texte, et la controverse qui avait suivi avait entraîné le New Israel Fund à réviser en 2010 ses critères de financement pour rejeter toute organisation qui « travaille à nier le droit du peuple juif à l’autodétermination souveraine en Israël. » La politique de New Israel Fund n’est pas rétroactive, et le groupe finance toujours Adallah.
Le communiqué d’Open Society à JTA a déclaré que les documents étaient concentrés sur « l’image globale » des stratégies. « Open Society Fondations travaille avec des organisations des sociétés civiles israéliennes et palestiniennes pour soutenir la démocratie et les droits de l’Homme en Israël et en Palestine, est-il écrit. Nous nous opposons aux violations des droits de l’Homme de tous les côtés du conflit, et soutenons la mise en place du droit international. »
La publication de ces documents a été éclipsée par la publication similaire le mois dernier par WikiLeaks des emails de la Convention nationale démocrate, qui aurait également été piratée par les Russes. Ces emails, qui révèlent des dissensions au sein du parti au sujet de la campagne, finalement perdue, de Bernie Sanders pour la nomination du parti, ont entraîné la démission de dirigeants du parti.
NGO Monitor, un groupe de surveillance israélien, a découvert parmi les DC Leaks un autre document préparé par l’institut de politique européenne d’Open Society suggérant des questions pour les auditions de septembre 2014 pour la confirmation de responsables de la politique étrangère de l’UE.
Parmi les questions, l’une promeut l’étiquetage des produis fabriqués dans les implantations de Cisjordanie et une autre favorise l’accession de l’Autorité palestinienne à la Cour pénale internationale. Israël s’est vigoureusement opposé à ces deux mesures.