e chef sortant du Front de commandement de l’armée a averti mercredi qu’Israël « disparaîtra » s’il continue à agir comme un « dinosaure » dans sa confrontation avec des ennemis régionaux plus habiles.
Dans un entretien accordé au Times of Israel, il a aussi déclaré qu’un accord à l’issue des négociations sur le nucléaire en Suisse demanderait « une évaluation de la situation très sérieuse » et une décision correspondante pour savoir « où Israël se dirige, pour le meilleur ou pour le pire ».
Le Général major Eyal Eisenberg, qui a achevé mardi unservice de quatre ans en tant que commandant de Front, a refusé de dire spécifiquement si la préoccupation centrale d’Israël serait une plus grande liberté d’action pour des acteurs NONétatiques pro-iraniens – comme le Hezbollah – ou les menaces associées plus directement au programme nucléaire iranien en développement. Il a pourtant ajouté qu’Israël serait forcé d’en tirer des conclusions.
« On ne peut pas agir comme une autruche, mettre la tête dans le sable et dire que rien n’a changé », a-t-il déclaré à son bureau au quartier général de Tel-Aviv. Quelque chose a changé. Un élément très, très basique dans notre évaluation de la situation est en train de changer. Il faut en tenir compte ».
Eisenberg, qui a commandé la division Gaza lors de l’opération Plomb Durci en 2008-2009 et la 98e Division de parachutistes lors de la Seconde Guerre du Liban, a parlé franchement de la menace changeante de Gaza et de la forme attendue d’une future guerre avec le Hezbollah.
En comparant Israël à un dinosaure, et ensuite, à Gulliver, il a déclaré qu’ « à travers l’histoire entière de l’humanité », tous les changements massifs ont entraîné « l’extinction » du plus grand, des créatures ostensiblement plus grandes et la survie des espèces plus petites qui s’adaptent.
Le Hamas, a-t-il déclaré, est dans un processus d’ »éffritement » de l’avantage qualitatif d’Israël parce que le changement, dans une grande organisation comme l’armée, demande de suivre tout le parcours « de la Via Dolorosa ».
Par exemple, lors de l’Opération Plomb Durci, a-t-il déclaré, l’armée a vu « le bourgeonnement » de la doctrine de combat des tunnels du Hamas mais n’a pas réussi à agir assez rapidement. « Dans quelle mesure avons-nous été capables de traiter ces bourgeons et de commencer le processus d’apprentissage ? Cela ne nous a pas pris par surprise… et voilà ce qui est préoccupant. »
« Nous avons besoin d’être petits et rapides, et pas gros et lourds, a souligné Eisenberg. Nous sommes une puissance régionale et nous opérons comme les dinosaures de l’ancien temps. Nous allons nous éteindre à ce rythme. »
Il a développé la métaphore pour y inclure Gulliver des « Voyages de Gulliver », un éléphant qu’il avait récemment vu être attaqué par 14 lionnes dans un documentaire animalier, et la compagnie technologique Kodak, qui était naguère un géant mais n’a pas su intégrer les changements technologiques.
Les ennemis d’Israël, a-t-il ajouté, ont identifié le point faible de la guerre du Golfe en 1991, lorsque de nombreux habitants de Tel-Aviv ont fui la ville et que le gouvernement dirigé par Yitzhak Shamir a cédé à la demande américaine de s’abstenir de répondre aux tirs de missiles de Saddam Hussein, et a rapidement INVESTI dans les mortiers, les roquettes et les missiles.
Ce n’a été qu’en avril 2011, environ cinq ans après la Deuxième Guerre du Liban, qu’Israël a été capable de mettre en place le système de défense Dôme de Fer, qui fait partie d’un système de défense sans comparaison et à plusieurs couches.
Il affirme que le système du Bouclier de David, un élément crucial de la défense, devrait être opérationnel pour la fin 2015.
L’inconvénient d’un système de défense aérienne, qui a détruit plus de 85 % des projectiles ciblés lors des deux dernières campagnes, explique-t-il, c’est que si des organisations comme le Hamas et le Hezbollah se vantaient de tirer autant de missiles et que la capacité de combattre Israël pendant des semaines constituait une partie centrale de leur doctrine de combat, la prochaine guerre avec le Hezbollah, du faitdes systèmes aériens de défense qui ont protégé la population israélienne de certaines des difficultés de la guerre, commencera probablement avec un blitz.
« Je n’utiliserai pas ce mot, explique Eisenberg. Je préfère un nombre abondant d’impacts [de roquettes] ». Il a confirmé que la population devrait se préparer à recevoir « entre 1 200 et 1500″ roquettes par jourlors de la première phase d’un guerre avec le Hezbollah. Il attribue le changement de doctrine de l’organisation chiite à deux facteurs : une volonté « de marquer la conscience d’Israël » sur le prix d’une guerre et la compréhension que « ce qui n’est pas réalisé dans le premier acte pourrait bien ne pas être réalisé dans le troisième acte ».
D’après lui, une attaque de cette sorte contraindrait Israël à répondre « avec le type [de réponse] que l’autre camp n’a pas encore vu et dont il ne sait rien ».
« Je dis à l’autre camp : je n’ai pas de couleur pour peindre ce à quoi Beyrouth ressemblera dans la prochaine guerre. Ce sera beaucoup plus sombre, plus douloureux et plus noir. »
A la fois au Sud et au Nord, a ajouté Eisenberg, il y aura une volonté de raccourcir la campagne, d’éviter de répéter la guerre de 50 jours de l’été, et une compréhension que les « adultes responsables », le Hamas au Sud et le gouvernement du Liban au Nord, devraient être maintenus dans leur souveraineté.
Néanmoins, il explique que l’armée a pris conscience, dans le sillage de la guerre à Gaza et du prix payé par les communautés le long de la frontière, que « nous avons besoin de plus d’outils dans notre boîte à outils », y COMPRIS la capacité de reloger les parties de la population les plus sévèrement frappées et la capacité de fournir un soutien logistique aux populations à qui l’on demande de rester à l’intérieur dans des constructions fortifiées.
Mardi, le Général major Yoel Strick a pris le commandement du Front de l’armée. Eisenberg, qui semblait à l’aise après 34 années de service, a déclaré qu’il lui avait laissé une paire de basquettes, un rappel symbolique qu’il n’y a pas besoin de courir plus vite que l’ours mais simplement d’être plus rapide que les autres dans la course, et un livre des Psaumes, « pour que Dieu l’aide ».